- Erbray - Fours à chaux
La métallurgie est une vieille tradition du Pays de Châteaubriant. Les établissements les plus anciens datent d’avant l’ère chrétienne. Jusqu’au XVle siècle, un grand nombre de forges ambulantes déplacées au gré des gisements et exploitées à la force des bras, existaient dans la région qui était riche en minerai de fer (à Rougé), en rivières, en forêts, qui disposait d’un gisement de calcaire (Erbray) et, à peu de distance, d’une mine de charbon (Mouzeil près de Joué-sur-Erdre).
Au XVIIIe siècle, apparurent des forges modernes, utilisant la force motrice de l’eau et qui s’organisaient toutes suivant le même schéma :
· le haut fourneau permettait la transformation du minerai de fer en fonte. Il était alimenté par du charbon de bois (fourni en grande quantité par les forêts voisines), les soufflets qui activaient la fusion étaient actionnés par une ou plusieurs roues à aube.
· c’est à l’affinerie que la fonte était transformée en fer. Une partie de la production était commercialisée dès la sortie de cet atelier.
· la fenderie permettait ensuite d’obtenir des barres, des baguettes, des plaques (le métal était “fendu”)
Les marchandises étaient stockées dans de grands entrepôts avant d’être expédiées sur le dos de chevaux et de mulets ou parfois sur des chars à boeufs.
Ainsi, vers 1700, notre région est devenue une grande région industrielle dans l’Europe d’alors. Principaux établissements : la Forge Neuve à Moisdon, la Hunaudière en Sion, la Blîsière en Juigné, Martigné-Ferchaud, la Poîtevinière en Riaillé. Ces grandes forges jouent un rôle majeur dans la vie économique du Pays.
Chaque forge emploie 150 à 300 ouvriers dont seulement une trentaine dans les trois ateliers : le haut fourneau, l’affinerie et la fenderie. Ces techniciens du fer perpétuent sur des générations la tradition du métier, en allant de forge en forge. Chaque famille a sa spécialité. Par exemple, les aieux de Sophie Trébuchet (mère de Victor Hugo) sont des fondeurs de père en fils, chargés de l’élaboration de la fonte dans le haut fourneau, jugeant la qualité du minerai et dosant les matières premières. Ainsi se sont perpétuées de véritables dynasties de forgerons.
Au XIXe siècle, les forges locales vont subsister jusque vers 1880. La métallurgie au bois s’éteint définitivement face à la concurrence des forges à “l’anglaise” qui emploient du coke dans les hauts fourneaux. Le dernier fourneau du Pays de Châteaubriant à cesser son activité est celui de la Hunaudière au début de l’année 1884.
Aujourd’hui demeurent les sites et quelques beaux vestiges de bâtiments, notamment à la Hunaudière en Sion-les-Mines et à la Forge Neuve en Moîsdon-la-Rivière. (visites guidées sur demande au 02 40 28 94 29).
[Photo 1 : le vieux marteau-pilon Erié, qui rythmait la vie des Forges Huard]
[Le vieil Erié a été sauvé de la ferraille par André Roul et décore maintenant la Maison de l’Economie, hommage à tous les travailleurs des Forges Huard.]
La tradition métallurgique se perpétue encore de nos jours. Châteaubriant possède toujours des fonderies, une importante entreprise de matériel agricole et diverses industries mécaniques. Le fer est toujours extrait à la minière de Rougé.
Une fonderie d’art existe à la Hunaudière (02 40 28 94 29), créée à l’initiative de Jean Franco et Gérard Riflet. Renseignements au 02 40 81 40 82
Forges and mines
Since ancient times forges and mines have worked in the region. These sites today are agreable places to visit
Enquire at the Tourist Office
Tél 02 40 28 20 90 - Fax 02 40 28 06 02
Ecrit le 4 juin 2008
Du Fer et des Forges
Un très beau fascicule d’une trentaine de pages vient d’être réalisé et publié par l’ADT (association pour le développement du tourisme). Il porte les couleurs de la pierre et du feu, retraçant l’histoire de la métallurgie dans le Pays de Châteaubriant.
Le fer : un métal qu’on ne trouve pas à l’état pur. Un métal réputé « céleste » puisqu’apporté souvent par la chute de météorites.
Le fascicule fait le point sur le minerai de fer de la région, notamment autour de Rougé (minerai de surface, minerai de couches). Il retrace l’évolution des techniques : les bas-fourneaux, les forges catalanes, les hauts fourneaux ...
… et les fonderies de second fusion. Sans oublier la castine venue d’Erbray. L’histoire du fer et des forges, est alors l’histoire des mineurs, des bûcherons et des charbonniers, des chaufourniers et des sacquetiers, des fondeurs et des affineurs. Tout un monde de « sorciers », souvent noirs de charbon et de terre. Des magiciens qui savaient transformer la pierre en un métal liquide et brûlant.
A la fin du XVIIe siècle la région de Châteaubriant faisait figure de région industrielle et l’ingénieur suédois Abraham Cronström, visitant les sites métallurgiques de l’Europe atlantique, la donnait comme unique exemple en France. Plusieurs sites métallurgiques sont restés dans la région. Un réseau d’associations s’efforce de les faire découvrir : la Forge Neuve et Gravotel à Moisdon la Rivière, la Hunaudière en Sion-les-Mines, les Forges de Martigné et de La Jahotière.
Le fascicule se termine avec un hommage rendu à deux capitaines d’industrie au XIXe siècle, Amand Franco et Jean François Huard, et à deux forgerons modernes : Gérard Riflet et Bernard Bresnu, l’industriel et l’artisan, amoureux de la belle ouvrage.
C’est pour la paix que mon marteau travailleLoin des canons, je vis en liberté.A jamais soient maudits les engins de batailleJe ne forge du fer que pour l’humanité
chantait le Forgeron de la Paix en 1876.
Livret splendide, en vente 10 euros - 02 40 81 40 82