Les paysages du Pays de Châteaubriant et de Nozay
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à St-Aubin-des-Châteaux
Jardin à l’anglaise
Jeu du Croquet
Promenade à poney
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« Les paysages du Pays de Châteaubriant et de Nozay expriment-ils une unité ou de nettes différences ? ». C’est pour répondre à cette question que Florence DUCLOS a parcouru le pays de Châteaubriant, dont elle est « née-native y demeurant ». Son étude, en 80 pages, faite à la demande du Comité de Bassin d’Emploi, n’a pas voulu faire l’inventaire des richesses patrimoniales, mais bien l’observation et l’analyse des paysages « parce que c’est ce que réalise, inconsciemment, le promeneur attentif au milieu qui l’entoure » dit-elle.
Le rapport (dont nous publions ci-dessous de multiples extraits) s’articule autour de trois parties :
le sol et le sous-sol
l’activité agricole et industrielle
le petit patrimoine local.
On y sent constamment l’amour de ce pays, et la poésie qui émane de la couleur des pierres et des champs, et du bâti modelé par l’homme dans son activité agricole et industrielle.
Appalachien toi-même !
L’ensemble du pays de Châteaubriant (1) a un « relief appalachien » (référence un peu surprenante aux montagnes Appalaches des Etats-Unis) : une succession de plateaux (de grès) et de dépressions (taillées dans le schiste) ayant une orientation est-ouest. Mais ce n’est pas un relief monotone
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Les cours d’eau et étangs sont nombreux dans ce territoire « le bleu des eaux se marie harmonieusement avec le vert des paysages ruraux » dit Florence, séduite les jours de beau temps, par « les versants souvent très boisés qui serpentent à travers la campagne » . Les collines et les plateaux de grès forment d’agréables sites pour les communes de Soudan, St Julien de Vouvantes, Saint-Aubin-des-Châteaux, Soulvache ou Rougé. C’est au cœur même de la vallée que se situe le centre urbain de Châteaubriant
La main de l’homme
Les aménagements réalisés sur les cours d’eau, sont le plus souvent assez légers : laissés à l’état sauvage, bordés de haies de feuillus, ils recèlent des richesses faunistiques et floristiques indéniables. Les ponts sont les seuls aménagements nécessaires : plutôt discrets, ils sont sans envergure, constitués de matériaux locaux : le schiste pour les plus anciens.
Les très nombreux étangs, en majorité privés, sont tous artificiels. Utilisés autrefois pour générer la force motrice nécessaire à l’exploitation du fer et des forges, ils peuvent être considérés comme devenus à l’état sauvage. La végétation qui les entoure en fait d’exceptionnels sites touristiques (comme les étangs de la Forge à Moisdon, du Bas du Tertre à St-Aubin-des-Châteaux ou de la Hunaudière à Sion-les-Mines).
Landes et prairies naturelles, vieilles émondes noueuses et fendues, prairies humides, végétation d’ajoncs et de genêts, s’ajoutent aux nombreuses forêts placées en double couronne autour du pays de Châteaubriant et en font un territoire très boisé en comparaison du reste de la Loire-Atlantique (dommage que ces forêts soient souvent privées). « Mais, plus encore, ce sont les différents petits bois, et les haies, jalonnant le territoire, qui donnent cette impression dominante de vert »
Lieux de souvenirs et de mystère
Les massifs forestiers ont longtemps joué un rôle de frontière, encerclant le pays de Châteaubriant. Les boisements ont eu, aux XVIe-XVIIe siècles un intérêt économique essentiel notamment pour la production du charbon de bois destiné aux forges et hauts fourneaux.
Ils font partie de l’histoire locale à un autre titre :on y rencontre de nombreuses tombes et stèles commémorant la mémoire des hommes :
soit des tombes liées aux Guerres de Vendée dans la dernière décennie du XVIIIe siècle (la Tombe de l’Emigré, la Tombe à Rabu, la Tombe des Fombrayeux, la Tombe à la Fille, lieux d’histoire locale voire de dévotion)
soit des monuments patriotiques, souvenirs douloureux de la Seconde Guerre Mondiale : à la Blisière, à Bout de Forêt, à la Brosse ou à Saffré
L’activité agricole et industrielle a modelé les paysages
« Les communes du pays de Châteaubriant sont profondément agricoles et rurales, malgré l’existence de pôles industriels non négligeables » dit Florence DUCLOS qui considère qu’elles ont une vie sociale bien définie : « ce ne sont pas des communes dortoirs pour grands centres urbains ». Le remembrement de ces dernières années, s’il a supprimé trop d’arbres et de chemins creux n’a cependant pas réussi à découper le territoire en vastes parcelles sans âme. S’il reste très peu d’arbres à Moisdon-la-Rivière, d’autres secteurs ont su garder la qualité paysagère d’un semi-bocage (Fercé, Noyal, Rougé et Soulvache) d’autant plus que la Chambre d’Agriculture, voire les communes, ont entrepris des replantations de haies bocagères (c’est mieux que des clôtures en fil de fer barbelé)
« L’habitat rural traditionnel a été obligé de s’adapter à une agriculture révolutionnée par l’amélioration des rendement et l’arrivée des techniques et de moyens de production modernes » explique Florence DUCLOS. Les bâtiments d’exploitation se sont séparés des maisons d’habitation. On a vu ainsi des granges, des hangars et des étables cerner la maison originelle. Remplaçant l’ardoise traditionnelle ou le bardage en bois les tôles de fibrociment font tache sur les fonds boisés. Heureusement la mise aux normes des exploitations agricoles contraint les agriculteurs à construire des bâtiments s’intégrant dans le paysage.
Fleur de Colza
Les bovins sont les animaux domestiqués les plus présents sur le territoire du Pays de Châteaubriant : splendides animaux, aux formes avantageuses qui paissent sur les prairies naturelles ou temporaires. Les moutons, cochons et volailles sont minoritaires. La présence de ces animaux s’observe indirectement par la forme et le volume des bâtiments qui les accueillent.
Les cochons en champ sont reconnaissables de loin avec leurs abris individuels en tôle. Les poulaillers, spécifiques par leurs volumes et leurs silos à grains sont surtout présents au sud-est du territoire. Quant à l’autruche, d’implantation récente, elle ne manque pas de surprendre le visiteur.
Hormis la tradition herbagère, le blé et le maïs sont les deux principales cultures. Au printemps les fleurs jaunes du colza colorent de nombreuses parcelles, passant le relais, à la fin de l’été, aux grosses fleurs de tournesol. « Vert, jaune ou marron lors des labours, les différentes parcelles forment des damiers aux couleurs chatoyantes qui marquent visiblement le paysage »
L’activité sidérurgique, présente dans le pays de Châteaubriant dès la période gallo-romaine, a modelé le territoire castelbriantais, conduisant au déboisement, à la construction d’étangs artificiels, à l’établissement de « fauldes » (anciennes charbonnières), grands cercles herbeux que l’on pourrait prendre pour des « ronds de sorcières » et dont le sol est constitué de « frasil » mélange d’une terre noire et de petits morceaux de charbon. Dans les forêts de Juigné, Teillay et Domnaiche de grandes trouées longitudinales sont des vestiges de minières et les nombreux ferriers rappellent l’extraction du minerai de fer et son traitement dans des bas-fourneaux rudimentaires.
De cette activité minière restent des maisons de Maîtres de Forges et des maisons ouvrières, construites en pierres du pays, moellons de grès rouge, lames de schiste noir ou bleu. Sur le site des Mines de la Brutz « les contrastes de couleur créent un paysage un peu inattendu constitué de vert (la végétation envahissante), de bleu (la rivière et les bassins de décantation) et de rouge (les amas de roche ferrugineuse mis à découvert)
Etain, schiste, argile
Le paysage castelbriantais porte en outre la trace d’anciennes carrières d’étain, de schiste et d’argile. L’exploitation du grès et du calcaire se poursuit. Les industries actuelles, métallurgie, plasturgie agro-alimentaire, sont implantées essentiellement dans les bourgs ou en périphérie, avec une forte concentration sur la ville-centre : Châteaubriant
Florence DUCLOS s’est ensuite intéressée au tourisme dans la région de Châteaubriant « encore peu exploité », en insistant sur les aménagements déjà réalisés : le swin-golf de Rougé, les centres d’équitation d’Erbray, Rougé et La Chapelle-Glain, la base de ski nautique d’Abbaretz ou le site de Bout-de-Bois au bord du Canal de Nantes à Brest, tout en regrettant que de nombreux autres atouts (forêts, étangs) soient inexploités en raison de leur caractère privé.
Longères et croix pattées
Caractéristique par son sous-sol minier et par l’utilisation industrielle qui en a été faite dans le passé, le territoire du Pays de Châteaubriant a d’autres spécificités qui tiennent en particulier à son bâti : églises romanes, abbaye cistercienne, manoirs et châteaux témoignent de l’histoire de la Bretagne et de ses relations, parfois difficiles avec le pays franc voisin. Ils sont construits avec la pierre du pays, grès rouge, schiste pourpre, bleu ou vert
Les nombreuses croix plantées au bord des routes et des chemins ont une caractéristique très locale : ce sont des blocs monolithes en schiste bleu, « croix pattée » où apparaît très rarement l’effigie du Christ.
Des chapelles, modestes et souvent très petites, attestent de l’importance, passée, de la religion dans le pays de Châteaubriant (2)
Les moulins, à eau ou à vent, sont encore assez conséquents dans le paysage castelbriantais. Malheureusement ils auraient souvent besoin de restauration. Il en est de même pour les puits-cabanes, les lavoirs et les fours à pain
L’habitat rural traditionnel privilégie les versants, évitant les crêtes où souffle le vent et les fonds de vallée où s’installent les brouillards. L’habitation est souvent basse, entourée d’arbres pour lutter plus efficacement contre le vent. Les façades et ouvertures sont orientées au sud pour un ensoleillement maximum tandis que les façades exposées au vent (nord et ouest) forment les pignons ou les murs aveugles. La présence de « coyaux » en pied de chevron, permet un changement de pente à la partie basse du toit, brisant la force de la chute de l’eau de pluie. Les murs sont habituellement en pierres du pays, grès et schiste.
Le type de maison est celui de la « longère », longue maison qui abritait sous une même coiffe d’ardoise, la famille, le cheptel et les réserves pour les bêtes et les gens. L’étage, qui servait souvent de grenier à foin, s’ouvre sur une haute lucarne appelée « gerbière » car c’est par là qu’on passait les gerbes de foin. On y accède par une échelle ou un escalier fixe.
Conçus pour une population plus riche, les manoirs présentent une architecture plus soignée. Souvent très beaux, ils sont encore habités ce qui a permis de les sauver de l’abandon.
Si les « longères » sont caractéristiques du pays, leur regroupement en hameaux et villages n’a rien de caractéristique. On trouve aussi bien de l’habitat isolé, que des hameaux-rangées (différents bâtiments accolés à la file) ou des hameaux bocagers (groupement désordonné de maisons autour d’un espace libre). Enfin, à côté des longères (agricoles) et des manoirs (personnages riches ou anoblis), on trouve des maisons d’ouvriers, à proximité des sites d’extraction ou d’exploitation des minerais, par exemple à Rougé, Moisdon-la-Rivière, la Hunaudière mais aussi à Châteaubriant, non loin de l’ancienne fonderie Franco.
Ce qui frappe les visiteurs extérieurs, c’est l’emploi du schiste dans la construction : bleu pour les encadrements de portes et fenêtres - voire pour les toitures et escaliers extérieurs et intérieurs -, pourpre pour la confection des murs. La véritable originalité est le pâlis, pierre de schiste plate, plus ou moins grande, plus ou moins régulière, fichée en terre pour faire des clôtures, des enclos à cochons, des bergeries et des petits hangars.
Le grès, en gros moellons clairs séparés par des lames de schiste et l’argile (utilisée en briques décoratives pour les fenêtres et les gênoises) sont aussi présents dans la construction
CONCLUSION
Le territoire de Châteaubriant, tout en nuances, se distingue des pays voisins au niveau du bâti où domine l’emploi du schiste, le distinguant du reste de la Bretagne (granit) et de l’Anjou tout proche (tuffeau). « Riche de nombreux héritages, ce territoire, situé au centre de diverses influences, porte bien son nom de Pays de la Mée, c’est-à-dire Pays du Milieu. Il faut revaloriser l’habitat traditionnel et le patrimoine de proximité pour lutter contre l’uniformisation du paysage (qui s’opère sur le territoire castelbriantais comme ailleurs en France), non par attachement passéiste, mais pour accentuer l’identité locale et mettre en valeur son charme pour offrir aux visiteurs comme aux habitants, l’envie de vivre et travailler dans ce pays » conclut Florence Duclos.
Arbres remarquables en Loire-Atlantique
De très belles photos des arbres remarquables de Loire-Atlantique, à la Maison du Département, place St Nicolas à Châteaubriant, à partir d’un recensement d’Eric Brochard - visible en juin 2007
L’arbre distingué, l’arbre seigneurial, l’arbre repère, l’arbre paysan, l’arbre romantique ... Nozay, Châteaubriant, Casson, Abbaretz