Accès rapide : Aller au contenu de l'article |  Aller au menu |  Aller au plan simplifié  |  Aide  |  Contact |
bandeau

Accueil > La Résistance à Châteaubriant > a - Récits > Parachutage à Martigné-Ferchaud

Parachutage à Martigné-Ferchaud

 Premier parachutage à Martigné Ferchaud

(Par Daniel Jolys)

Depuis le 18 juin 1943, le capitaine François Vallée, alias « Franck », s’active pour mettre en place le réseau de résistance « Oscar-Parson » sur la diagonale Saint-Malo – Rennes – Nantes, selon les instructions du colonel Maurice Buckmaster, chef du Special Operations Executive (S.O.E.) pour la France.

Pour mener à bien sa mission, le chef du réseau Oscar demande à « Baker Street », siège du S.O.E. à Londres, le renfort de deux nouveaux officiers qui devront être parachutés dans une zone restant à définir. Cette tâche est confiée à un jeune Martignolais, Jean Richard, 21 ans, étudiant en notariat à Rennes, dont les parents demeurent rue Valaise à Martigné-Ferchaud.

Jean Richard, connaissant bien la région, repère un herbage appartenant à M. Pointeau, ancien boucher à Martigné. Cette prairie située entre les lieux-dits le Bignon et la Cohue, enclavée au nord de la forêt d’Araize, semble correspondre aux critères exigés par le S.O.E. (longueur de 400 mètres, pas trop accidenté, éloigné d’une ville, d’une grande route, etc.). Satisfait de cet emplacement, François Vallée transmet les coordonnées géographiques de ce terrain à Londres. La Royal Air Force, chargée des parachutages pour le S.O.E., valide cette zone de largage.

Le 24 juillet 1943, à 13 heures, la radio anglaise B.B.C. diffuse le message conventionnel « J’aime le son du cor le soir au fond des bois » à l’attention du réseau Oscar-Parson. Le parachutage est donc prévu au cours de la nuit à venir. Accompagné de jeunes résistants rennais intégrés au réseau, François Vallée se déplace aussitôt à Martigné-Ferchaud où il est attendu par Jean Richard et son équipe. Au domicile des parents Richard, François Vallée, l’oreille collée au poste de T.S.F., écoute à nouveau la B.B.C qui retransmet ce texte sibyllin à 17 heures puis à 21 heures. Le premier parachutage du réseau Oscar-Parson est donc confirmé.

Parachutage

Jean Richard, Gilbert Gruaud, Marcel Martin, Marcel Mignot, Bernard Dubois, Georges Bourdais, Robert Tiercery, sous les ordres de François Vallée, forment le comité de réception qui, dès 22 heures, se met discrètement en place à la lisière de la forêt d’Araize. Le balisage de la zone doit s’effectuer obligatoirement avec trois lampes électriques rouges disposées en ligne droite, espacées de 100 mètres, dans la direction du vent. Le chef du dispositif, muni d’une torche à faisceau blanc, se positionne à 40 mètres de la dernière balise rouge de façon à former un L majuscule renversé.

Puis c’est l’interminable attente pour ces résistants tapis dans les fourrés. Les conditions météorologiques sont favorables, la lune est également au rendez-vous. Aux environs d’une heure du matin, le silence nocturne est progressivement recouvert par un ronronnement venant du nord-est en direction du groupe. Les signaleurs se mettent en place.

A l’aide de sa torche, François Vallée émet un signal en morse vers la masse sombre du quadrimoteur volant à environ 300 mètres d’altitude. Le Flying Officer Edward Chichester Hart du 138th Squadron de la R.A.F., chargé des opérations spéciales, allume brièvement les feux de son appareil Halifax immatriculé JN 910-NF-K, répondant favorablement au code émis puis s’éloigne lentement.

L’inquiétude grandit pour ceux qui sont à terre mais le vrombissement des moteurs qui revient vers eux les rassure. L’avion s’oriente face au vent, dans l’axe du balisage lumineux, puis lâche quatre corolles flottant dans le ciel sous le regard fasciné des résistants. Pour l’équipage du bombardier, si cette première mission Parson/Deacon/ Driver est un succès, il doit poursuivre sa route vers la région bordelaise pour y larguer huit containeurs d’armes au profit du réseau S.O.E. Scientist dirigé par Claude de Baissac.

Parachutage
Avion Halifax

Bombardier britannique Halifax - 4 moteurs de 1620 cv
– 450km/h à 4 000 mètres d’altitude

Les deux nouveaux agents S.O.E. parachutés sont des officiers alliés : le lieutenant britannique George Clement dit « Georges », 26 ans, opérateur radio, et le lieutenant belge Henri Gaillot, 47 ans, alias « Ignace » ou « Guillaume », ancien combattant 1914-1918, vieux complice de François Vallée. A Londres, ses amis l’ont surnommé « grand-père » en raison de son âge, mais son nom de code pour les Anglais est « Deacon ». Deux malles en osier renfermant des armes, du matériel de transmission, quelques victuailles et des cigarettes ont été larguées simultanément. Les hommes de l’ombre se ruent vers cette manne tombée du ciel.

Le parachute du lieutenant « Georges » s’accroche aux arbres en lisière de la forêt. L’intervention énergique de Marcel Mignot le libère de son harnais. Sans doute largué avec un temps de retard, Henri Gaillot a moins de chance et se retrouve hors de la zone prévue, de l’autre côté de la forêt. Le comité de réception le considère perdu et se disperse dans la nuit, empruntant les chemins creux. François Vallée sait que son ami Gaillot a été entraîné dans les rudes écoles du S.O.E. pour faire face à toute éventualité. Effectivement, « Ignace » tombe entre de bonnes mains, celles de Joseph Esnault, patriote convaincu, agriculteur à Noyal-sur-Brutz qui le conduit chez M. Menuet, capitaine des pompiers à Châteaubriant. Cet officier dévoué, conduit le Belge chez Marcel Letertre, grainetier dans le centre ville, très engagé dans la clandestinité. Des contacts sont pris et Henri Gaillot rejoint François Vallée sans trop de difficultés.

Le lieutenant Georges, porteur d’une fausse identité au nom de Jean Clermont, est tout d’abord hébergé dans la ferme de Taillepied à Martigné-Ferchaud où vit Marcel Mignot et sa famille. Par mesure de sécurité, il changera fréquemment de domicile afin de maintenir des liaisons télégraphiques avec Londres. D’autres parachutages vont suivre au profit du réseau.

NB : Un récit complet sur le réseau Oscar-Parson est en cours de préparation.


 Objectif : forêt de La Guerche

La forêt de la Guerche est très proche de la forêt d’Araize.

Le groupe Toponymie Histoire et Patrimoine du Syndicat d’Initiative de Martigné-Ferchaud présentera le 3 décembre 2011, le diaporama intitulé "OBJECTIF FORET DE LA GUERCHE" déjà diffusé à Eancé le 11 novembre dernier. Le thème central se rapporte aux bombardements aériens des 16 et 31 juillet 1944 orchestrés par l’US Air Force ciblant l’important dépôt de carburant dissimulé dans la forêt de La Guerche en Rannée. Sont également évoqués : l’occupation de la forêt d’Araize en Martigné-Ferchaud et son dépôt de munitions, les parachutages d’armes à Drouges au profit de la Résistance et de deux commandos du "Special Air Service" en lisière de la forêt de La Guerche.

Le récit s’appuie sur de nombreux témoignages et sur des archives militaires américaines et britanniques inédites. Il est prudent de réserver au 02 99 47 87 18.

Une seule séance, samedi 3 décembre 2011 à 14h30 salle Sévigné, rue St Thomas à Martigné-Ferchaud.


Texte figurant dans la deuxieme edition du livre "Telles furent nos jeunes annees"

Plan du livre

Texte en pdf : http://www.journal-la-mee.fr/IMG/pd...

Le réseau Buckmaster-Oscar

Jean Richard, une vie de combattant