Père Noël, je vous ai maudit
Ecrit le 19 décembre 2012
Le petit Jean, sept ans, vient de partir de chez lui pour aller à l’école. Au tournant de la rue, après 200 mètres, il se cogne littéralement avec un grand bonhomme habillé d’un grand manteau rouge lui tombant sur les brodequins et, sur la tête, d’une capuche bordée de fourrure blanche. Il s’arrête pile, lève les yeux et dit :
J : Oh ! Le Père Noël !
PN : Bonjour Jean.
J (hésitant) : tu me connais ?
PN : Bien sûr, je connais tous les enfants
J. Alors, tu es vraiment le Père Noël ?
PN : Bien sûr !
J : Et qu’est-ce que tu fais dans mon quartier ? Et à pieds ? Moi je n’y croyais plus vraiment ! Ca alors !
PN : Tu vois, j’inspecte les toits, pour voir où je dois passer dans quelques nuits avec mon petit hélicoptère. Il ne me sert qu’à ça et à retourner dans mon lointain pays. Mes rennes sont trop vieux désormais, ils ne peuvent plus !
J : dis donc, elle est drôlement belle ta barbe ? Je peux toucher ?
PN : Oh, que non ! Elle est fragile et tu pourrais me faire mal. Tu auras peut-être la même quand tu auras mon âge ….. Mais dis-moi, Jean, as-tu fait ta commande ?
J : bien sûr ! Un vélo !
PN : Un vélo ? … rien que ça ? … Je ne suis pas sûr de pouvoir.
Tu sais, le gouvernement, avec la crise, m’a fait savoir qu’il ne me donnerait que la moitié de ce que j’obtenais d’habitude. Tu n’aimerais pas autant des patins à roulettes ? Ca va aussi vite et c’est moins cher.
J : Humm ! C’est pas pareil, je vais réfléchir.
PN : Dis moi, Jean, à l’école, comment ça va ? L’année dernière ce n’était pas fort, tu étais à la queue.
J : Ben ! Cette année je suis dixième sur vingt.
PN : oui, y a du mieux. C’est la moitié, comme la moitié du vélo.
J : Bon, d’accord pour les patins à roulettes ; mais l’année prochaine, ce sera le vélo.
PN : ça ne dépend que de toi, mon petit gars. C’est pas tout, je te quitte, il faut que je termine ma virée.
J : et moi je vais encore être en retard.
Et chacun s’en fut de son côté.
PN : il va falloir que j’en parle aux parents.
J : (riant sous cape en rentrant de l’école) : il se figure que je ne l’ai pas reconnu ? C’est le voisin d’en face, un copain à mon père. Un peu gaga le type !
Andrée Gaborit - Noël 2012
(Nous avons laissé Augustin, dit Tintin, à Noël, l’an dernier, dans la morosité de la crise de 2011. Mais une année est passée …)
Beaucoup d’événements se sont produits mais la sinistre crise n’a pas diminué, au contraire. Le chômage augmente et on entend à longueur de journée : il faut faire des économies. Le père de Tintin subit le chômage partiel car son usine bat de l’aile. Pour la première fois la famille n’est pas partie en vacances.
Afin d’arrondir les fins de mois, les restrictions sur la nourriture ont fait leur apparition. Aux menus figurent souvent : pain perdu, pâtes et bouillie de blé noir.
Le père de Tintin a fait de nombreuses transformations sur son terrain : il a installé un poulailler pour élever deux poules, il a retourné la pelouse et bêché pour cultiver divers légumes, rétréci les parterres de fleurs pour planter quelques arbres fruitiers.
Noël arrive : les cadeaux sont du genre « utile ». Heureusement, Tintin, comme ses parents, ne croit plus au père Noël ! Le père récolte le livre du « parfait jardinier », la mère les recettes de cuisine pas chères et l’art d’accommoder les restes et Tintin un vélo pour aller à l’école et des chaussures de foot-ball car il rêve de devenir un Messi ou un Ronaldo. Le matin de Noël, la mère va à la messe faire une fervente prière pour améliorer leur sort. Et mettre aussi un cierge à Sainte Rita, patronne des causes désespérées.
Pour le repas de midi, elle annonce fièrement avoir mijoté une poule au pot. « Tu l’as fait cuire dans un vrai pot ou au four micro-ondes, dis maman ? » - « Non, à la cocotte minute avec des carottes, des poireaux, des navets et rutabagas du jardin ». « On va la baptiser : la poule au pot de François II » dit le père en se tenant le ventre. « C’est Henri IV qui l’a inventée, pas François II. Ton père a des plaisanteries de mauvais goût » - « Par ces temps austères, je fais ce que je peux pour me décoincer les zygomatiques, faute de me dilater l’estomac » dit le père.
« Ils sont où, tes zygos, papa ? » - « Tu ferais mieux d’apprendre ta table de multiplication que de t’occuper des zygométriques de ton père ! « - « Pas métriques ! Mais matiques ! Et mon fils a besoin de s’instruire quand même ! Va chercher un miroir, tu vas voir par toi-même le résultat ! Les zygomatiques sont des muscles faciaux situés à la commissure des lèvres qui se dilatent lorsque tu ris » - « Et si tu pleures ? » - « Ils se contractent ! » - « C’est pour ça que tu as de grosses rides ? »
Bon, je vais te raconter une histoire rigolote et tu vas voir le résultat. C’est une dame qui dit à son mari : « Chéri, je ne sais pas si tu as vu, dans le jardin les rosiers ont des boutons ». Le mari lui répond : « Ils ont plus de chance que mes chemises ».
[Tintin ne rit pas, car il n’a rien compris aux chemises]. « Ta mère va te l’expliquer, moi je vais prendre l’air, soigner les poules et ramasser leurs oeufs ».
Mais Jésus et Noël, que deviennent-ils dans tout ça ?
Pauvre Jésus, s’il revenait, il constaterait que « les marchands du temple » font toujours la loi, que ses tristes émules aux divers sosies prêchent encore la bonne parole mais qu’ils sont comme lui persécutés, et, si on ne les crucifie plus, on les réduit au silence par d’autres moyens.
Quant à Noël, elle reste la fête la plus populaire pour les petits et les grands. Mais ce noël semble bien tristounet ! Alors au moins, pour ce jour, oublions tous nos soucis ; gommons tout ce noir et gorgeons-nous de lumière et de joie.
On dit que l’espoir fait vivre.
Espérons qu’un nouveau SAUVEUR et de nombreux « Rois Mages » viendront enfin faire régner LA PAIX, la JUSTICE, la LIBERTE, l’EGALITE et la FRATERNITE.
En attendant, chantons tous ensemble Bon et joyeux Noël 2012
Paul Chazé
Monsieur le Père Noël,
Voilà bien longtemps de cela, j’étais une enfant. En dépit de mes 72 ans, j’ai conservé une âme enfantine et Noël est toujours pour moi un moment merveilleux, magique et féérique.
Le bonhomme que vous êtes, capuchon rouge et barbe blanche, m’enthousiasme encore et pourtant, alors que je croyais encore aux rêves d’enfant, vous m’avez fait beaucoup souffrir. En effet, j’étais fille unique et j’avais toujours désiré un petit frère.
Un matin de Noël, qu’aperçus-je à mon réveil au pied du sapin illuminé ? UN LANDAU !
Pas une seconde je n’en ai douté : c’était le petit frère ! Je m’approchai sans bruit de peur de l’éveiller. Vous souvenez-vous qui vous avez couché sous les draps brodés ? UN BAIGNEUR en celluloïd
J’ai pleuré, j’ai hurlé de douleur. Je vous ai maudit. Vous n’avez jamais su le mal que ce jour-là, vous m’avez fait.
A fil du temps, je vous ai tout de même pardonné car, depuis, trois bébés, des vrais, sont venus égayer notre foyer. Ils ont grandi, ont eu à leur tour des enfants à qui ils transmettent l’émerveillement du 25 décembre.
Père Noël, je vous souhaite longue et heureuse vie. Avec des bises.
Nicole Godiot
La fin d’une année
Chanter la fin d’un monde
Avec les vieux Mayas
Rêver un nouveau monde
Avec tout ce qu’il y a
C’est le chant de Noël
Qui revient chaque année
Avec sa vie nouvelle
Comme un succédané
Comme les autres années
J’étais désespéré
Mais ma Muse étonnée
M’a dit « faut espérer »
Espérer le soleil
Et la mer en allée
Aimer tous ses pareils
Et amies en allées
Recroire en l’arc en ciel
Eclairant nos allées
Aux fleurs avec le miel
Qu’abeilles iront sucer
Repousser un hiver
Et ses carreaux gelés
Ne pas voir les travers
D’un monde déréglé
Mais la joie d’une crèche
Toujours recommencée
Et l’année que l’on prêche
Dans le calendrier.
Hervé