Ecrit le 24 décembre 2008
Le Nounours de Totor
Le petit Nestor (dit Totor) était un écolier comme tant d’autres. Il allait avoir huit ans. Riri (Henri) son grand frère de quinze ans, était parti à Londres pour perfectionner son anglais, sa petite sœur de quatre ans Zezette (Rosette) allait à la maternelle. Son père (Gaston) était représentant en articles ménagers et sa mère (Odile) était secrétaire chez un notaire.
En raison de ses longs déplacements sur toute une région, son père partait le lundi matin et ne revenait que le vendredi soir. Sa mère était extrêmement peureuse. Le moindre grincement d’un portail, un volet qui claque, une chouette qui hulule, la tempête et l’orage la terrifiaient. Elle avait essayé les boules de cire dans les oreilles, un casque spécial antibruit. Hélas, tout s’était montré négatif. Elle s’était trituré les méninges mais n’avait rien trouvé comme remède. Elle en avait parlé à une amie et celle-ci lui avait suggéré une solution plutôt osée. Elle connaissait un homme très dévoué qui accepterait peut-être de venir lui tenir compagnie la nuit pour conjurer sa peur. Odile avait d’abord refusé mais son amie avait réussi à la convaincre de tenter un essai. Le brave homme vint donc en toute discrétion tenir nuitamment compagnie à Odile. Il arrivait vers 22 heures et repartait vers 7 heures. Tout allait mieux. Odile se sentait en sécurité, elle avait retrouvé le sommeil et n’avait plus peur.
Or un mercredi soir vers 23 heures alors qu’elle était couchée en charmante compagnie, elle entendit le bruit du moteur d’une auto et l’ouverture de la grille du jardin. Elle sursauta et secoua Jojo (Joseph) qui ronflait à ses côtés. Jojo sauta du lit en vitesse, prit ses vêtements et alla se cacher dans la penderie qui se trouvait dans la chambre de Totor. Totor se réveilla mais resta muet, transi de peur à la vue de ce fantôme.
Gaston monta l’escalier et arriva dans la chambre. Odile poussa un cri d’épouvante : « Qui êtes-vous ? Pitié, que voulez-vous ? » - « C’est moi voyons, c’est ton Gaston adoré ! Je passais à proximité et je me suis dit, je vais faire un crochet et je vais aller voir ma petite Odile plutôt que d’aller à l’hôtel. J’espère que ça te fait plaisir ? »
« Bien sûr, mais comme tu m’as fait peur, tu as failli me faire mourir, tu aurais pu téléphoner quand même ! ».
Dans la chambre à côté, Totor ne pouvait se rendormir. Il se leva et alla frapper doucement à la porte de la penderie car une idée diabolique lui était passée par la tête.
« Monsieur ! Monsieur ! dit-il, je voudrais des euros pour m’acheter un nounours ». Une voix lui répondit : « Tais-toi, tais-toi » et par la porte entrebaîllée, une main lui glissa dix euros. Totor voyant que son stratagème fonctionnait lui dit : « j’en voudrais d’autres car c’est très cher un nounours ». La comédie se prolongea jusqu’à ce que le visiteur inconnu lui dise : « je n’ai plus rien ! » Totor compta sa recette (trente cinq euros) et satisfait de son chantage retourna se coucher. Il fit un rêve merveilleux où ses poches débordaient de pièces d’or.
La nuit se termina calmement. Gaston repartit à son travail et le fantôme tout engourdi par sa nuit inconfortable regagna lui aussi son logis. Totor ne parla de rien à sa mère.
Quelques jours passèrent mais Totor était soucieux et avait des remords. Il se reprochait d’avoir commis une mauvaise action en soutirant malhonnêtement de l’argent à cet inconnu.
Comme sa famille était très pratiquante, il décida d’aller confesser sa faute à l’église. Tremblant d’émotion, il entra dans le confessionnal. Le guichet s’ouvrit et Totor bredouilla : « Pardonnez-moi mon Père parce que j’ai pêché ». La voix lui répondit : « dites-moi tout mon fils ». Totor balbutia : « C’est au sujet de mon nounours ». La voix terrible lui répondit : « Petit vaurien, tu veux encore me demander de l’argent. Eh bien, tu n’auras rien, je t’ai déjà donné suffisamment l’autre nuit. Dieu te punira et pour ta pénitence tu réciteras pendant une semaine, matin et soir vingt « Notre Père ».
Totor rentra chez lui l’âme soulagée et n’essaya pas d’approfondir cette curieuse réponse.
Nous étions fin novembre et Totor jugea qu’il était temps d’envoyer sa lettre au Père Noël. Il demanda un VTT, des chaussures de football, quelques cassettes et les aventures de « Lucky-luke chez les Papous » et « le fantastique tour du monde à la rame de Harry Potter ». Il confia sa lettre à sa mère.
Noël arriva enfin. Totor déposa ses chaussons sous le sapin tout illuminé et alla se coucher. Il se réveilla de bonne heure mais attendit les sept coups au carillon pour foncer vers le trésor espéré. Tout ce qu’il avait commandé était là et il y avait même en plus un gros carton. Il prit des ciseaux, coupa la ficelle et l’éventra nerveusement. Il s’écria « Papa, Maman, venez voir ! ». Ses parents arrivèrent et lui demandèrent : qu’y a-t-il ? « Regardez,
j’ai un nounours et je ne l’avais même
pas commandé ».
Sa mère lui demanda : « es-tu content ? » « Oh oui ! oui ! oui ! plus que content ! » et il sauta au cou de sa mère et de son père. Mais alors, dit son père : si tu ne l’as pas commandé c’est le Père Noël qui s’est trompé. Ce nounours était destiné à un autre garçon. Il faut le rendre.
Certainement pas, je le garde, il n’avait qu’à faire attention.
Sa mère ajouta : au fond, il a raison, pas vu, pas pris !
Belles mentalités dit le père. Vous avez intérêt à aller confesser vos mauvaises intentions de suite.
Je verrai ça à Pâques ou à la Saint Glin glin dit Totor. Qu’en penses-tu maman ?
Odile se contenta de toussoter plusieurs fois. Maman, pourquoi tu tousses ?
Elle tousse, elle tousse, parce qu’elle a froid pardi ! rétorqua son père.
C’est bon, retournez vous coucher et toi papa, occupe toi bien d’elle.
Sois sans crainte, je vais la frictionner et lui donner du sirop et il referma la porte de la chambre.
Totor entendit sa mère murmurer : non pas ce matin, on verra ça ce soir !
Assis sur le tapis, Totor en extase, étreignait son « mystérieux nounours ».
Joyeux Noël 2008
<signPaul Chazé
Ecrit le 24 décembre 2008
Hotte-toi de là !
C’est l’évêque Saint Nicolas (fêté le 6 décembre) qui a inspiré l’image du père Noël. Il était représenté avec une longue barbe blanche et un costume rouge. Il voyageait dans un traîneau tiré par des rênes et apportait des cadeaux aux enfants. Mais il était accompagné du "Père fouettard".
En 1821, un pasteur américain Clément Clarke Moore écrivit un conte de Noël où apparaissait le père Noël. En 1931, la figure du père Noël fut popularisée par une image publicitaire de Coca-Cola : une figurine sympathique, un air jovial et une attitude débonnaire. Ainsi, pendant près de 35 ans, Coca-Cola diffusa ce portrait du père Noël dans la presse écrite et, ensuite, à la télévision.
Le Père Noël a contribué à laïciser la fête de Noël et a suscité un mouvement de protestation de la part des catholiques (hou, les vilains !). Certaines manifestations allèrent même jusqu’à brûler l’effigie du Père Noël. Pour les Chrétiens la nuit du 24 décembre est celle de la naissance de l’enfant Jésus qui lui aussi donnait des cadeaux aux enfants …
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