L’ancienne église sera démolie
2 juillet 1872, le maire de Châteaubriant, M. Béchu du Moulin Roul, envoie au Sous-préfet un « livret de fillle mère secourue » portant le n° 23 de 1871 au nom de Guérin Victorine pour Audibert Victorine-Françoise sa fille naturelle reconnue.
Depuis le 16 juin 1871 cette fille n’a reçu aucun secours. Le maire demande de transmettre des documents au Sous-préfet « pour que ce magistrat puisse délivrer un mandat de la somme due depuis l’époque ci-dessus ».
[Ndlr : un exemple parmi tant d’autres de ces filles, enfermées dans un sous-prolétariat féminin particulièrement précaire et vulnérable, inquiètes de cacher leur ‘faute’ à leurs parents ou sommées par ceux-ci d’éviter le déshonneur que leur "inconduite" menace d’infliger à la famille, sans recours contre leur séducteur puisque le Code civil de 1804 interdit pour plus d’un siècle la recherche en paternité devant les tribunaux]
3 juillet 1872 : le maire envoie à la commission administrative de l’hospice un extrait du décret de M. le président de la République en date du 8 juin 1872 statuant sur le legs fait par M.le Pays de la Riboisière à l’Hospice de Châteaubriant. « Vous voudrez bien déposer cette pièce dans les archives ».
Même genre de courrier à la société de secours mutuels de Châteaubriant et à l’établissement des frères des écoles chrétiennes.
3 juillet 1872 au général de Brigade : « j’ai eu l’honneur de vous demander le 27 mars 1872 une autorisation de mariage pour Marsollier Pierre, matelot inscrit à Brest, demeurant à Châteaubriant libérable le 31 décembre 1873. Le chef de bataillon commandant le dépôt de recrutement de la Loire-Inférieure, par sa lettre du 28 mars dernier, m’informe que Marsollier ne peut contracter mariage que dans la dernière année de service et par exception, pour des causes que M. le Ministre s’est réservé la faculté d’apprécier, dans les 18 mois qui précèdent la libération, que cette demande pourra être renouvelée à partir du 1er juillet. Cette époque étant arrivée, l’intéressé me prie de solliciter de votre bienveillance, M. le général, l’autorisation nécessaire et la décision ministérielle s’il y a lieu ».
4 juillet 1872 : au Sous-préfet – « Mustière Fils demande à succéder à son père tenant un débit de boissons à Béré et démissionnaire en faveur de son fils. Cette position est favorable et de nature à être admise mais depuis plusieurs années Mustière fils a quitté Châteaubriant et je ne puis donner des renseignements sur sa conduite et sa moralité ».
5 juillet 1872 le maire adresse au Sous-préfet des délibérations du Conseil Municipal du 9 juin concernant M. Gasnier maître d’hôtel à Châteaubriant et M. Lucas. « Lucas Pierre dit Ally et sa mère ont quitté Châteaubriant en même temps il y a plus de 20 ans »
7 juillet 1872, conseil municipal, bref mais réuni en séance extraordinaire à l’occasion du concours de poulinières et de pouliches qui doit se tenir à Châteaubriant le 1er août prochain pour les arrondissements d’Ancenis, Châteaubriant et le canton de Guémené. « La tenue annuelle de ce concours serait précieuse pour notre ville, le bureau du comice agricole le comprend si bien qu’il a promis les plus grands efforts pour faire coïncider sa tenue avec la solennité du concours. Malgré la pénurie de nos ressources, je vous propose de voter 500 francs ». Vote à l’unanimité pour « rehausser l’éclat de cette fête agricole ».
Monsieur le Maire soumet ensuite les plans, profils et devis approuvés par l’agent voyer en chef des ponts à construire sur les deux bras de La Chère pour donner passage au chemin numéro 4 de Paluel à Béré. Le devis de 5700 francs est en partie couvert par un crédit de 4000 francs déjà voté. Le maire demande de voter un nouveau crédit de 1700 francs pour assurer la mise à exécution de ces travaux. Accord du Conseil mais M. Couchot, adjoint, qui vient de prendre séance et connaissance du vote acquis, proteste contre ce qu’il croit être une irrégularité.
- Pont sur la Chère
Le Pont sur la Chère quelques années plus tard
Le boulevard de Paluel porte désormais le nom de : Rue Amand Franco
(source : le vieux Châteaubriant par l’image)
8 juillet 1872 le maire envoie au Sous-préfet ampliation d’une délibération du 26 mai 1872 au sujet de la maison d’école (située sur la place des Terrasses).
« Cette maison a été bâtie il y a 30 ans dans un terrain trop circonscrit et elle n’a pas une étendue suffisante. Elle ne contenait qu’une classe dans de grandes dimensions.
Depuis quelques années cette classe a été divisée en deux faisant une classe moyenne et une petite classe. Cet état de choses n’est pas satisfaisant et depuis longtemps l’administration et le conseil cherchent à l’améliorer.
Tout d’abord un jardin contigu a été acheté à Mme de la Touche il y a 6 ans, au prix de 3900 frs plus les frais et intérêts. Après cette acquisition de l’emplacement nécessaire pour la nouvelle construction, il s’est agi de rassembler les ressources suffisantes pour le faire.
L’administration comprit qu’il valait mieux créer des ressources par des économies et par la vente d’une parcelle de terrain communal derrière les halles.
Une somme suffisante étant réalisée, des plans étaient dressés et en voie d’exécution. Les événements du 4 septembre [ndlr : chute de l’Empire], les difficultés des temps et les dépenses extraordinaires ont empêché la commission municipale et l’administration de M. de la Picardière [maire de l’époque] de réaliser l’agrandissement préparé de la maison d’école.
Cette année le conseil municipal a porté au budget additionnel de 1872 une somme de 12000 frs pour réaliser le plus tôt possible cette importante amélioration. ; cette somme sera probablement insuffisante. L’école a bien d’autres besoins notamment d’un préau couvert pour lequel en 1870 une somme de 1800 frs a été inscrite au budget qui ont reçu plus tard une autre destination.
Mais nous espérons que M. Le Préfet, s’il était nécessaire, nous ferait obtenir par son puissant concours une subvention de l’Etat.
Nous aurions encore la possibilité d’augmenter la somme allouée. Elle est prise sur un emprunt de 30 000 frs que la Commission Municipale avait été autorisée à faire par arrêté préfectoral en date du 18 janvier 1871 pour la garde nationale et pour procurer du travail aux ouvriers sans ouvrage. Aussitôt que M. le Préfet aura autorisé la dépense, je m’occuperai selon les désirs du Conseil Municipal de faire dresser les plans par un architecte de Nantes, M. Lenoir, qui a très bien réussi la reconstruction de notre hospice.
Les deux Ponts
- Chemin de Béré à Paluel
12 juillet 1872 - le maire explique au Sous-préfet qu’il y a deux ponts à construire sur le chemin de petite vicinalité de Béré à Paluel et que le devis s’élève à 5700 frs. Mais le budget additionnel de 1872 n’a prévu que 4000 frs. Le Conseil Municipal du 7 juillet a estimé que cette somme de 1700 frs ne sera pas entièrement nécessaire « par l’effet des rabais qui pourront être obtenus et par l’effet des économies qui seront possibles dans la construction et l’établissement de l’oeuvre ».
Pour couvrir « la dépense dernière » il sera possible de prendre « soit sur les bonis de l’exercice courant soit sur les ressources à venir de la petite vicinalité ».Il demande donc l’approbation rapide du préfet .
12 juillet 1872 : au Sous-préfet : « Le Conseil Municipal est très reconnaissant à M. le Préfet d’avoir donné à notre ville le concours de pouliches et poulinières de plusieurs arrondissements »,il vote donc la somme de 500 frs pour contribuer à la fête.
Les membres des courses « ont provoqué une réunion générale des souscripteurs pour obtenir la prolongation de leurs pouvoirs qui expiraient cette année et pour être mis à même d’agir immédiatement. Leur demande a été accueillie avec empressement et il a été décidé que le comice aurait lieu le même jour que le concours ».
15 juillet 1872 en France, le gouvernement de Thiers lance un emprunt. Le succès est écrasant : 43 milliards quand il en fallait 3. On en refusera 40. Très rapidement un demi-milliard est versé à l’Allemagne et deux départements seront libérés (il en reste quatre)..
- Caricature d’André Gil
Caricature d’André Gill 1872
La Délivrance de la France grâce à l’emprunt lancé par Thiers
17 juillet 1872, le maire écrit à M. Lenoir architecte, pour qu’il vienne rencontrer le Conseil Municipal au sujet des plans à dresser pour l’agrandissement de la maison d’école « toutes les mesures sont prises pour donner à cette affaire une prompte solution ». l’architecte a annoncé sa venue
[Ndlr : mais le 21 juillet, annoncé au Conseil, il n’est pas venu ! ]
18 juillet 1872 , il est question d’une souscription de 50 frs pour l’achat d’une pompe à incendie pour le département.
Ce 18 juillet, Jean Nicolas est arrivé à Châteaubriant. Il a déclaré n’avoir point de passeport « attendu qu’il l’avait déchiré pendant son voyage ». « Cet individu qui sort de la maison centrale de Fontevrault, est assujetti à la surveillance légale » écrit le maire au Sous-préfet
21 juillet 1872 le conseil municipal nomme une commission de 5 membres pour étudier avec l’architecte M. Lenoir à Nantes les projets d’agrandissement de la maison d’école Mais M. Lenoir, annoncé, n’est pas venu)
Plusieurs habitants du bourg et de la paroisse de Béré réclament la construction d’une école « pour les enfants du Faubourg et de la Banlieue » . Mais le Conseil Municipal dit qu’il faut d’abord compléter et améliorer celle qui existe et propose de poursuivre avec la plus grande activité l’agrandissement et l’achèvement de celle de la place des Terrasses
26 juillet 1872 : M. Vauquelin, propriétaire à Châteaubriant a été nommé commissaire pour procéder à l’enquête de commodo-vel-incommodo sur le projet d’échange de terrains entre la commune et de M. de St Luc.
3 août 1872 : M. Alfred Legal a été élu sous-lieutenant porte-drapeau de la compagnie de sapeurs-pompiers de Châteaubriant. Le Maire demande au Sous-préfet de « vouloir bien faire approuver par l’autorité supérieure cette élection satisfaisante à tous égards »
3 août 1872 -le maire écrit au chef de bataillon commandant le dépôt de recrutement de la Loire-Inférieure au sujet de Jean Marie Gasche, ouvrier tanneur, de la classe 1863, incorporé le 26 août 1864 et renvoyé dans ses foyers en 1867 avec un congé renouvelable. Il a été rappelé en juillet 1870 et renvoyé une nouvelle fois le 18 mars 1871 avec un titre de congé provisoire et un certificat de bonne conduite. Le maire demande pour lui le congé définitif auquel il a droit depuis le 31 décembre 1870, et un mandat de masse de 15,19 frs.
[[Qu’est-ce que ce « mandat de masse » ? S’agit-il du pécule versé au soldat qui quitte l’armée ? Pour mémoire, le pécule, versé aux militaires à la fin de leur engagement, a été institué par les Romains. Quant au mot « soldat » il dérive de ... solde.]
6 août 1872 le maire transmet au Sous-préfet quatre actes de concession de terrain au cimetière – et l’état dressé pour le recouvrement d’une somme de 60 frs due pour trois inhumations en terrain concédé.
11 août 1872, conseil municipal : le maire demande au conseil municipal d’approuver les acquisitions de terrains aux environs du village de la Bruère, se montant pour la veuve Fromentin à la somme de 20,40 frs et pour le sieur Derouin à 316,80 francs.
Par suite d’alignement, la commune a cédé à M. Bressin Eugène, ferblantier, rue de l’hôtel de ville, 4,20 m de terrain à 10 frs, et 13 m de maçonnerie formant le mur du pont à 11 frs. Soit 169,30 frs.
Pour les ponts de Paluel l’adjudication aura lieu le 21 août « comme nous avons seulement 4000 francs disponible je vous propose de stipuler dans le cahier des charges que la somme excédant les 4000 francs ne sera payée qu’en 1873 ».
Monsieur le Maire sollicite le curage de La Chère depuis la limite de Soudan jusqu’à celle de Saint-Aubin et celui de ses affluents.
M. Delourmel fait observer qu’il a depuis longtemps demandé de faire procéder à l’amiable au bornage entre la portion de l’étang de la Torche qu’il a acquise de Monsieur Artur et le terrain communal et qu’il désire vivement que cette opération s’exécute tant son intérêt propre que dans celui de la ville. Monsieur le Maire répond que cette affaire est délicate et mérite une étude sérieuse.
16 août 1872 : le maire transmet au Sous-préfet la délibération du Conseil Municipal concernant le curage de la Chère et de ses affluents : « l’arrêté que je pourrais prendre pour la commune de Châteaubriant ne produirait pas d’effets sur les communes de Soudan et St Aubin dont les terres sont sur la rive opposée et ne réaliserait pas le but qu’il faut atteindre »
Malheur et aumône
21 août 1872 : « Monseigneur le Duc d’Aumale désirerait faire quelque aumône dans la circonscription de ses domaines à l’occasion du malheur qui vient de le frapper » [ ??? ], Il charge donc M. le directeur des domaines de Paimpont et de Teillaye (avec un e) de remettre à l’hospice de Châteaubriant un somme de 1000 francs – et de remettre 500 frs au Bureau de Bienfaisance. « Monsieur Jourdan, le Directeur, apportera ces sommes et les remettra en mains propres à son prochain voyage à Châteaubriant c’est-à-dire dans un mois environ ». Le maire remercie M. le Duc d’Aumale de sa gracieuse libéralité
23 août 1872 : le nommé Belouard Jean Nicolas, sabotier en surveillance à Châteaubriant depuis le 19 juillet 1872 n’a pu trouver de travail. « Il y aurait urgence à l’autoriser à transférer sa résidence à Abbaretz où il est assuré de trouver des moyens d’existence et où un de ses anciens maîtres lui donnera de l’ouvrage ». Le maire écrit au Sous-Préfet pour qu’il sollicite du Préfet « l’autorisation qui ne peut être accordée que par lui ».
27 août 1872 : demande d’autorisation de mariage pour Omer Pétrel, soldat au 92e de ligne appartenant à la classe 1865, demeurant depuis un an dans notre ville. « la jeune fille qu’il recherche habite notre ville ».
27 août 1872, le Conseil Municipal, considérant que les travaux de l’agrandissement de l’école communale des garçons sont urgents et répondent au désir de la population entière, que les plans et devis proposés par l’architecte réalisent bien les améliorations demandées par le conseil municipal, approuve à l’unanimité le plan de Monsieur Lenoir
Le Conseil approuve aussi le devis estimatif et sollicite l’approbation de l’autorité supérieure afin que les travaux commencent dans les plus brefs délais.
Le conseil municipal rappelle qu’il a prévu un emprunt de 12000 francs, remboursable au moyen d’une imposition extraordinaire de 13 centimes pendant 10 ans sur les quatre contributions directes. Le devis étant de 20 678 francs, la commune fait appel aux fonds de l’État et du département et « s’adresse avec confiance à l’administration supérieure, si disposée à faire valoir les besoins de chacun, et la prie de faire attribuer à la commune une subvention de 8000 francs »
- Ecole des garçons
27 août 1872 : à M. Desmats « Vous avez déposé à la mairie une demande appuyée d’un ancien permis de chasse et une quittance de 40 frs, tendant à obtenir un permis de chasse. Je ne puis, Monsieur, donner suite à votre demande que lorsque votre identité aura été suffisamment constatée soit par des certificats soit par deux personnes notables de Châteaubriant ».
27 et 28 août 1872 : la mairie a reçu les plan et devis pour le projet d’agrandissement de la maison d’école communale (encore appelée : école des garçons). Le maire les transmet au Sous-préfet en demandant une prompte approbation du Préfet. L’adjudication aura lieu le 10 octobre.
28 août 1872 : le maire réclame au sous-intendant de Nantes la somme de 180 frs pour Pierre Jean Delaunay « ci-joint son titre de gratification renouvelable »
30 août 1872 : le maire envoie au Sous-préfet 25 exemplaires « conformes au modèle de l’arrêté qui doit prescrire l’enquête relative au barrage sur la Chère, demandé par M. Legal marchand tanneur à Châteaubriant » en lui demandant de transmettre ces affiches au Préfet afin qu’il donne suite à cette affaire
5 septembre 1872 : par acte du 22 juillet 1872, le maire du XVIIIe arrondissement de Paris annonce que Jean Veillon et Perrine Leray son épouse, mariés dans cet arrondissement (le 4 juillet), ont reconnu « Marie Jeanne, née à Châteaubriant le 21mai 1870 comme fille de Perrine Leray de père non dénommé ». le maire de Châteaubriant demandera, pour eux, le 16 septembre, le secours de 60 frs accordé par l’art 32 de l’arrêté préfectoral du 21 octobre 1861.
9 septembre 1872 : le maire écrit à son collègue de St Aubin-des- Châteaux : « Par décision en date du 7 courant et sur ma demande, Monsieur le Ministre de l’instruction publique et des cultes a accordé une collection d’ouvrages à la bibliothèque scolaire de votre commune » (la même lettre a été envoyée aux maires de Soudan et Ruffigné).
Le maire demande d’informer Messieurs les instituteurs « de cette libéralité digne de reconnaissance ».
11 septembre 1872, conseil municipal car le gouvernement vient d’augmenter de 200 km le réseau des chemins subventionnés du département ; Le conseil municipal considère que les ressources de la commune sont suffisantes pour l’achèvement de son réseau de petites vicinalité et propose de les employer dans l’ordre suivant :
le chemin de Béré à Paluel
le chemin des Vozelles
le chemin de la Ville-en-Bois à la Croix Gicquel, point de rencontre avec le chemin de grande communication numéro 41
19 septembre 1872 : le rôle de la rétribution scolaire pour le 3e semestre 1872 :
élèves payants : 196 frs
élèves étrangers à la commune : 56 frs
élèves gratuits : 29 frs
Total 281 frs
Projet pour l’église
22 septembre 1872 : conseil municipal extraordinaire au sujet de l’emplacement de
la nouvelle église.
Le maire lit un mémoire de M. le curé de Saint-Nicolas, approuvé par le conseil de
Fabrique, dans lequel il discute les questions d’emplacement, d’orientation et de convenance et un autre mémoire de l’honorable M. Le Gall décidé à faire prévaloir auprès du Conseil Municipal les objections et les motifs discutés et combattus dans le mémoire de M. le curé.
Le conseil municipal décide que la nouvelle église s’étendra de l’ancien mur de ville formant clôture du jardin de la cure jusqu’à la place Saint-Nicolas et autant qu’il sera nécessaire pour l’harmonie de l’édifice. Son orientation sera de l’Est à l’Ouest et, pour répondre aux vœux de la population, sa façade et sa grande porte seront situées sur la place Saint-Nicolas faisant face à la rue des Quatre-Œufs.
La construction nouvelle sera commencée par le chevet, suivie par les chapelles latérales et la nef de manière à pouvoir utiliser l’ancienne église pour les besoins du culte aussi longtemps que les nouvelles constructions seront impropres à cet usage.
Aussitôt après la célébration des offices dans la partie construite de la nouvelle église, l’ancienne sera totalement démolie et les matériaux employés à la construction de la nouvelle, de telle sorte qu’après l’ouverture de la rue qui doit longer au midi le jardin de M. Voiton, la nouvelle église soit complètement dégagée et limitée au nord par la dite rue, à l’orient par la portion restante de la place Saint-Nicolas, au midi par la rue Neuve et à l’’Occident par le boulevard de l’Eperon.
N’oublions pas, dit le maire, que c’est à la coopération du conseil municipal et du conseil de Fabrique que nous devons l’acquisition de l’hôtel d’Arimont et à la Fabrique celle de la maison du sieur Andiol. (voir au 5 juin 1870). Le maire insiste aussi sur le généreux dévouement de M. le Pays de la Riboisière qui a légué à la Fabrique les dépendances de son hôtel.
En abandonnant généreusement cet immeuble à la commune, le Conseil de Fabrique mérite la reconnaissance tous les habitants, en créant, pour ainsi dire, un emplacement permettant d’élever la nouvelle église aux mêmes lieux que l’ancienne.
Le conseil municipal manifeste sa reconnaissance à M. le curé et à MM.les membres du conseil de Fabrique : ils ont fait des sacrifices considérables, ils sont appelés à en faire de plus grands encore pour mener à bonne fin la construction du plus important de nos édifices communaux. Nous aimons à penser que le concours des habitants ne leur manquera pas.
Le conseil municipal leur témoigne sa sympathie et se réserve de déterminer dès qu’il le pourra, la subvention qu’il a toujours promise. Il s’occupera de l’affaire de la nouvelle cure. A cet effet il sera demandé au Conseil de Fabrique une délibération énonçant et expliquant ses inventions précises car il importe que la solution de la question de la nouvelle cure précède l’abandon et la démolition de l’ancienne.
- Projet pour l’église
[NDLR : la nouvelle église a le chœur à l’Ouest, contrairement aux traditions religieuses, pour que les fidèles sortent endimanchés de l’église sur la place St Nicolas. On peut dire qu’elle a mal tourné !
La rue Neuve, située au Sud a été rebaptisée : Rue Joseph Hervouët du nom d’un curé résistant, rescapé des Camps de Concentration. La rue Nord fait référence à Joseph Chapron, historien de la ville. Le boulevard de l’Eperon est devenu : Boulevard Victor Hugo. Sur les murs de la nef de l’église on voit très bien la trace d’arrêt et de reprise des travaux en attendant la démolition de l’ancienne église St Nicolas]
23 septembre 1872 le maire écrit au président du Conseil d’administration du 64e de ligne pour demander un certificat constatant la présence sous les drapeaux de René Bourgeois, en détachement à Aire (sur la Lys), Pas de Calais. « Cette pièce est indispensable pour procurer l’exemption à un frère que fait partie de la classe 1871 ».
24 septembre 1872 : M. Vauquelin, a été désigné le 27 août 1872 pour assister à l’adjudication des travaux de la maison d’école. Celle-ci aura lieu le « 10 octobre prochain à 2 heures du soir ». M. Lenoir architecte à Nantes y est invité « pour donner aux soumissionnaires les renseignements dont ils pourraient avoir besoin »
26 septembre 1872 le maire écrit au Sous-préfet : « M. Jean Guibert bourrelier, marié à Mlle Angot, demeurant place des Terrasses dans une maison qui lui appartient, avait demandé l’autorisation de tenir un débit de boissons afin de tirer parti de sa maison et créer une clientèle à son établissement de bourrellerie pour lequel il a créé un pavillon convenable.
Par suite de malentendus, d’explications mal données et parce qu’il n’y a pas lieu d’augmenter le nombre trop considérable de débits de boissons, la demande de M. Guibert n’a pas été accueillie favorablement.
Les père et mère de Guibert demeurent à Béré où ils occupent une position considérable comme propriétaires agriculteurs. Ce sont des gens de bien appartenant à une famille ancienne et riche qui a eu plus de splendeur.
Mme Guibert est venue me trouver aujourd’hui elle m’a exposé ses regrets de ce que son fils n’avait pas trouvé faveur auprès de l’administration pou l’aider à faire ses affaires. Elle m’a fait valoir que son fils d’excellent caractère avait toujours été sans reproches, qu’il a été 8 ans militaire, qu’il a été rappelé pour la guerre, qu’il a été prisonnier à Neufbrisach, qu’il a été captif pendant 8 mois passés à Dresde dans les souffrances et le dénuement, que son second fils âgé de 25 ans, d’excellente conduite aussi, qui en d’autres temps aurait été exempté par les services de son frère, avait fait la campagne de France, qu’il avait assisté à plusieurs batailles, qu’il a été précipité dans une rivière, que par suite sa santé est très mauvaise et qu’il demeure atteint de coliques chroniques et continuelles.
Dans ces circonstances que l’administration bienveillante peut prendre en considération, je suis d’avis d’accorder à Jean Guibert et à sa femme qui est excellente et qui m’est très recommandée, l’autorisation qu’ils sollicitent de tenir un débit de boissons ».
27 septembre 1872 : au receveur des Postes à Châteaubriant : le maire demande « la détaxe de la bande ci jointe expédiée par le maire de Poligné » Elle contenait ’l’extrait de naissance que je vous communique et que je vous demande de me renvoyer, il est nécessaire pour les travaux de recrutement qui ne doivent pas être entravés »
27 septembre 1872 : à l’agent-voyer de l’arrondissement : « M. Legal demande d’établir un barrage sur le bras de la Chère qui passe derrière les Halles. Le barrage aurait pour effet de modifier la hauteur et l’écoulement des eaux sous le pont des Halles dépendant du chemin de Grande communication n°41 ». L’agent-voyer est invité à venir prendre connaissance du dossier,
[Ndlr : il s’agit du pont sur la Chère qui est situé sous la chaussée de l’actuelle Place Ernest Bréant ]
- La leçon de lecture
- La leçon de lecture - 1872 par Pierre Jean Edmond Castan
30 septembre 1872 : les livres que le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes a voulu accorder à Châteaubriant, ne sont pas arrivés. Le maire a fait demander aux gares d’Ancenis, Laval et Angers, mais nul n’a connaissance de l’arrivée de ce colis. Le maire demande au Sous-préfet d’en aviser le Préfet « pour qu’il veuille bien me faire connaître où je dois réclamer ces livres ».
Sources - Archives de la mairie de Châteaubriant, 1 D 20 (Conseil Municipal) et 2 D 12 (courriers)
Internet et notamment Wikipédia
Emile Zola : la curée
Émile Zola est un écrivain et journaliste français, né le 2 avril 1840 à Paris et mort le 29 septembre 1902 dans la même ville. Considéré comme le chef de file du naturalisme, c’est l’un des romanciers français les plus populaires, les plus publiés, traduits et commentés au monde. Ses romans ont connu de très nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision.
Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire
Cette fresque, La Curée, parue en 1872, est le dépeçage de Paris par les spéculateurs, à travers l’histoire d’un parvenu, Saccard, pervers, affairiste politique désireux de réussir à tout prix, qui ne le cache guère et y parviendra d’une curieuse et triple manière : d’une part, la trahison et l’opportunisme qui vont jusqu’à la mort, y compris d’un parent en principe aimé (changeant de casquette lorsqu’il sent tourner le vent en faveur de Napoléon III, il laissera fusiller son cousin sans intervenir, donnant ainsi des gages au nouveau pouvoir qu’il a rallié in extremis) ; d’autre part, la corruption (il spécule sur des biens immobilliers qui vont lui être rachetés dix fois le prix qu’il les a payés, usant des informations d’un frère ministre — complice — qui connaît les projets de rénovation de Paris, ce qu’on pourrait appeler de nos jours un délit d’initié) ; enfin, il exploite de riches personnages futiles, établis dans la société et finalement désarmés, présentés comme décadents et naïfs, les femmes en premier.
Alors que sa propre épouse, gravement malade, n’est pas encore morte (elle expirera opportunément peu après), il se marier avec Renée une jeune, belle et riche aristocrate, unique héritière d’une fortune, malencontreusement enceinte au sortir du couvent à la suite d’un viol et que son père cherche à tout prix à établir (elle fera une fausse couche et ce sera tout bénéfice).
Zola pointe ici la fragilité des classes dominantes engluées dans des positions morales rigides, inadéquates et mortifères, dont les femmes font les frais en tout premier lieu, le père n’ignorant rien de ce que vaut Saccard et des raisons qui le fondent à épouser Renée, et l’acceptant tout de même, la sacrifiant ainsi pour ce qu’il croit être l’honneur de son nom. Elle s’étourdira ensuite par une vie futile et dispendieuse et quelques amants de la même veine, dans l’indifférence d’un mari qui ne l’aime pas et auquel de telles dispositions conviennent parfaitement. Frustration ? Irrespect pour cet homme qui la délaisse et, sous des dehors aimables, la méprise ouvertement et l’exploite (il a accaparé tout son argent sans qu’elle n’en sache rien mais elle n’ignore pas qu’il ne l’a épousée que par intérêt).
Le roman se clôt sur une Renée abandonnée par Maxime (son dernier amant), dépossédée de sa fortune par Saccard et qui sombre dans la folie avant de mourir d’une méningite.