2 janvier 1874 : il ne s’est présenté personne pour soumissionner les fournitures de farines, bois et boissons à faire à l’hospice pour 1874. L’administration demande l’autorisation d’acheter ces fournitures « par voie d’économie » c’est à dire en régie. En revanche, la fourniture de viande s’est faite par adjudication.
2 janvier 1874, la loi Cissey de juillet 1872 a créé de nombreuses dispenses de service militaire notamment pour les enseignants et les ecclésiastiques. Mais la gendarmerie est chargée de la « surveillance des dispensés ». Dans le cadre de cette loi, le maire signale au Sous-Préfet que Jourand Adolphe, de la classe 1871, appartenant au contingent de la Charente-inférieure, et professeur à Châteaubriant à l’Ecole des Frères ; « continue son engagement décennal »
[Ndlr : Le 15 juillet 1889 sera promulguée la loi Freycinet, sur le recrutement de l’Armée. Dite « loi des curés sac au dos », elle supprime les dispenses de service militaire aux enseignants, aux élèves des grandes écoles et aux séminaristes].
3 janvier 1874 le maire demande au Sous-Préfet de faire délivrer un mandat de paiement de 18 frs pour secours pendant le 4 e trimestre de 1873, en faveur de Chauvin Joséphine (femme Glain) qui élève l’enfant naturel de sa fille, fille-mère secourue. « La fille Glain Joséphine étant domestique change souvent de domicile, il serait préférable de mettre désormais les mandats au nom de la grand-mère de l’enfant ».
8 et 9 janvier 1874 : Le sieur Bréfi Joseph, réclusionnaire libéré, assujetti à la surveillance de la Haute Police, à perpétuité, est arrivé à Châteaubriant pour y résider. Il a reçu une carte de sûreté en échange de son passeport. Terrassier, il a cherché du travail à Châteaubriant sans pouvoir en trouver et il est sans ressources. Il demande à changer de résidence et de l’autoriser le plus tôt possible à aller résider à Besançon. Le maire demande pour lui « un passeport pour cette destination avec les secours de route qui permettront à cet individu de faire le voyage »
11 janvier 1874 le jeune Ernest Bréant, né à Bagneux le 23 février 1853, fils de Jean Baptiste et de Jourdain Thérèse, est inscrit sur les tableaux de recrutement de la classe de 1873. de même que M. Morisson Gaston né le 29 janvier 1853, fils de feu Félix Germain et de Ballais Marie.
13 janvier 1874 M. Halier, garçon-boucher réside depuis longtemps à Châteaubriant, il a toujours été employé chez M. Cottrel et sa conduite est sans reproches. Il s’est marié aujourd’hui avec Mlle Haissant dont la mère, récemment décédée, tenait un débit de boissons faubourg de Couëré. Ce débit de boissons existant depuis longtemps est utile à conserver pour les besoins du commerce et je suis d’avis d’autoriser les époux Hallier à le continuer – écrit le maire au Sous-Préfet
13 janvier 1874 M. Foutrel Gaugy, notaire, est nommé membre de la commission administrative de Châteaubriant en remplacement de M. Guibourg sorti.
14 janvier 1874 : la loterie de décembre 1873 a laissé un résultat net de 2394,25 frs que le receveur du bureau de bienfaisance est autorisé à encaisser.
Le bureau de bienfaisance demande l’autorisation d’utiliser 300 frs en achat de toile.
19 janvier 1874 au sujet de « la chambre de sûreté dite violon ». Lettre au Préfet. « Le Conseil Municipal ne voit pas qu’il soit facile de l’établir à la Mairie d’une manière convenable et suivant les prescriptions que vous auriez la bonté de me faire connaître. J’ai l’intention de faire compléter cette délibération à la prochaine session, on ne parle que de la difficulté d’installation, il y a des considérations plus grandes dont il y a surtout à se préoccuper dans l’intérêt d’une bonne administration ».
« Le violon adjoint à la prison sous la surveillance du gardien, à proximité de la gendarmerie, remplit toutes les bonnes conditions d’ordre et de police, c’est sans doute par ces raisons que depuis un temps immémorial les municipalités ont cherché à conserver le violon au château, que toutes les fois qu’il a été question de le déplacer et c’est souvent, elles ont cherché à écarter cette mesure mauvaise.
La municipalité, reconnaissante de ce que jusqu’ici l’administration supérieure a bien voulu conserver l’ancien état de choses, s’est montrée d’accord facile pour la cession du terrain nécessaire à l’agrandissement des préaux de la prison. Pendant plusieurs années elle payait une juste rétribution due au gardien et elle est toujours disposée à le faire ».
19 janvier 1974 : il a été procédé à l’adjudication de la coupe de bois-taillis appartenant à l’hospice de Châteaubriant moyennant 3431 frs en faveur de M. Mas- son Julien, propriétaire de marchand de bois domicilié à Soudan.
20 janvier 1874 le Conseil Municipal a décidé d’acquérir, de M. de Fermon, les terrains nécessaires pour l’établissement du chemin de grande communication n°41.
Demande d’autorisation.
20 janvier 1874 : pour remplacer M. Legal membre sortant en 1873, les membres de la commission du bureau de bienfaisance proposent M. Lecoconnier Louis, « membre sorti et digne à tous égards de rentrer dans l’administration » ;
24 janvier 1874 au directeur du dépôt d’Etalons de la Roche sur Yon. « Nous n’aurons pas à notre disposition pour la monte prochaine l’écurie qui nous a servi l’année dernière. M. Hubert a donné une destination différente à sa propriété. Nous regrettons cette installation qui n’était pas mauvaise, où nous avions fait des dépenses d’établissement. Nous ne trouvons rien d’aussi satisfaisant et notre intention serait de faire pour l’avenir une construction spéciale de 5 à 6000 frs si nous avions quelque certitude d’avoir à toujours une station d’étalons appropriés au pays »
« Pour cette année, après bien des recherches, nous avons trouvé hier où établir la station d’étalons d’une manière convenable chez M. Babonneau, cafetier et bourrelier sur la place des Terrasses vis-à-vis la promenade de la gendarmerie, en très belle exposition. Nous aurons une écurie séparée pouvant contenir quatre chevaux ; les saillies se feront à couvert ou dans des terrains vastes et clos – à volonté. Avant de rien arrêter, nous avons voulu vous en faire part ».
26 janvier 1874 : au colonel, directeur du Génie à Nantes : la ville et le Conseil Municipal accueilleront avec reconnaissance l’établissement d’une caserne à Châteaubriant et d’une garnison nombreuse qui donneraient à la population des avantages commerciaux, et au trésor municipal des augmentations de recettes. « Dans ces sentiments je suis persuadé que le conseil municipal sera disposé à donner une subvention considérable que je puis dès à présent évaluer à cinquante mille francs ».
[Ndlr : l’espoir fut vain !]
27 janvier 1874 : en exécution de la circulaire du ministre de la guerre prescrivant le recensement général de tous les chevaux existant en France, le recensement doit être fait par les maires avec le concours de la gendarmerie. Le maire réclame la mise à disposition d’un gendarme qui, avec un agent de la commune, recueillera sur les lieux les renseignements nécessaires « pour me mettre à même d’expédier ce travail avant le15 février, époque prescrite »
30 janvier 1874 au procureur de la République à Châteaubriant, pour reconnaissance et légitimation d’enfant naturel : « dans l’acte de mariage entre François Marie Eluère, cordonnier, demeurant à Issé et Julienne Victoire, journalière, demeurant à Châteaubriant, reçu à la mairie de Châteaubriant ce jour, l’enfant né à Soudan le 21 mai 1861 et inscrit le même jour sur les registres de l’Etat-Civil de la dite commune sous les nom et prénoms de Rose Henri Louis, a été reconnu et légitime ».
30 janvier 1874 au maire de Soudan. « L’expédition de l’acte de naissance de Rose Julienne Victoire, inscrit sur vos registres à la date du 29 mars 1837 a été, aux termes de la loi, enregistrée le 28 janvier 1874, aux droits de 3,75 frs décimes compris. Vous voudrez bien en faire mention en marge de l’acte, car les expéditions qui seraient délivrées ultérieurement ne sont plus passibles d’enregistrement »
11 février 1874 : au directeur du dépôt des étalons de la Roche sur Yon :
« Conformément à la réponse que vous nous avez faite, nous avons arrêté l’écurie. Les étalons y seront commodément installés et en très beau quartier. Nous vous prions de nous aviser de l’arrivée et de nous dire le nombre que vous enverrez afin de placer les stalles ». Elles seront à plus de deux mètres s’il y a trois étalons, à 1,60 m s’il y en a quatre ».
Le 17 février le maire insiste pour qu’il y ait quatre étalons « l’année dernière ils auraient été absolument nécessaires ».
20 février 1874 : au Sous-Préfet : « Le nommé Bouchet Jean, 44 ans, laboureur aux Fougerais, est atteint d’aliénation mentale. Sa folie est dangereuse, il menace de sa hache ses parents et ses voisins. J’ai dû le faire déposer provisoirement à l’hospice de Châteaubriant, en attendant que M. Le Préfet ait ordonné son placement à l’asile des aliénés de Nantes ».
22 février 1874 – Conseil Municipal. De nouvelles offres ont été faites à la commune par M. Vimont au sujet de la demande d’alignement de M. Hamon Auguste dont les nouvelles constructions viennent en partie obstruer le Chemin de la Vannerie. Le conseil municipal adopte le tracé rouge le long de la maison Hamon en émettant le vœu du changement de direction du chemin numéro 41, et en chargeant l’administration municipale de poursuivre ce changement à condition que les terrains soient abandonnés gratuitement par le propriétaire.
Ecole et chambre de sûreté
Toujours le 22 février 1874, il est question d’une école mixte à Béré. Une lettre du sous-préfet datée du 22 janvier 1874, arguant d’un excédent de recettes de 4000 francs, de l’achèvement de la maison d’école et de la délibération du 30 mars 1873, incite à la création d’une école mixte à Béré, décidée, dit-il, par le Conseil départemental et approuvée par le ministre de l’instruction publique. Le conseil municipal renvoie la décision à mai prochain.
Maison d’école réparations : le Conseil vote 1000 francs pour les réparations de l’ancienne maison d’école qui n’avait pas être prévues dans le devis des dépenses de la construction de la nouvelle.
Chambre de sûreté . Une lettre du sous-préfet et du préfet invite le maire à pourvoir à bref délai à l’installation d’une chambre de sûreté. Le conseil municipal précise : « l’ordre de choses actuel a été établi conformément à l’arrêté du ministre de l’Intérieur en date du 20 octobre 1819, il s’est perpétué jusqu’à nos jours sans in- convénient pour l’intérêt public. C’était un avantage pour la commune. En retour le Conseil accordait, bien en dessous de sa valeur, un terrain pour l’agrandissement des préaux et tolérait l’ouverture sur terrain communal d’un portail pour le service de la gendarmerie. Le conseil serait prêt à payer encore les améliorations du violon et à donner une rétribution au gardien, mais il verrait avec peine la suppression et le changement d’un ordre de choses depuis si longtemps établi. Ce serait nuisible à la bonne police de la Ville et préjudiciable à ses intérêts ». Le Conseil autorise le maire à traiter la question avec l’autorité compétente.
Par ailleurs le Conseil adopte le tracé du chemin de petit vicinalité n°5 de la Ville- en-Bois au chemin n°41 sur le rapport de Monsieur Vauquelin commissaire-enquêteur . Et celui du chemin n°2 du Faubourg de la Torche au Pont Dix Heures sur la limite de Soudan.
Le ministre de la guerre envisage de la construction éventuelle d’une caserne d’infanterie à Châteaubriant. le maire a promis un concours de 50000 francs. Cette communication reçoit du Conseil une approbation unanime Comice agricole : M. Coirre, Président du Comice, dépose les pièces de dépenses et recettes du comice « pour qu’après les avoir examinées, vous puissiez attester le bon emploi des ressources qu’il tient en grande partie de la libéralité de nos concitoyens »
M. de Tugny propose à la commune l’abandon gratuit des parcelles employées à la construction du chemin n° 41, estimées ensemble à 1315 francs. en échange des excédents du chemin n°5 et des frais de toute nature à lui causés par le passage du chemin n°41 sur ses propriétés. Le Conseil approuve les généreuses propositions de M. de Tugny et vote 465,10 francs pour le rembourser de ses avances.
[Ndlr : la route D 41 arrive à Châteaubriant par la rue Guy Môquet, puis se perd dans la ville. On la retrouve à l’est de la gare puis au Sud, après le Pont de la Grenouillère, en direction d’Ancenis. C’est là qu’elle traverse la propriété de M. de Tugny dont il reste : "Le bois de Tugny "]
23 février 1874 : le maire informe le Préfet que, le 14 mars prochain, il assistera à la réunion de la commission d’enquête relative au chemin de fer d’Ancenis à Châteaubriant.
26 février 1874 :à M. Baudeuf sous-chef de l’exploitation des chemins de fer du midi à Bordeaux. « Notre afficheur accepte les conditions posées dans la lettre que vous m’avez adressée le 24 février 1874. Vous lui paierez une valeur égale au timbre apposé sur l’affiche (...). M. le chef d’exploitation fera parvenir le montant de la note en timbres poste ou par mandat-poste ».
La gare, où ?
1 er mars 1874. nouveau Conseil Municipal où le secrétaire de séance, M. de Tugny, prend position sur l’emplacement de la future gare.
Il déclare :
« l’ouverture prochaine de deux voies ferrées se réunissant à Châteaubriant crée au conseil municipal des devoirs nouveaux.
« Si nous devons avoir sans cesse devant les yeux un but défini : envisager l’avenir en même temps que le présent, songer aux générations qui nous succéderont, aux avantages et aux charges que nous leur léguerons, si nous devons étudier les enseignements du passé, éviter les erreurs autant que possible, suivre les traditions en ce qu’elles ont de bon ou de respectable, en élaguer ce qu’elles peuvent avoir de nuisible, il faut en même temps reconnaître que nous sommes aujourd’hui en face d’une situation nouvelle et que nous n’avons à nous préoccuper d’aucun précédent.
Investis dans la confiance de nos concitoyens notre devoir est de veiller à leurs intérêts soit dans le présent soit dans l’avenir, de nous préoccuper de leur sécurité. Le projet actuel d’un passage à ni veau à l’entrée de la ville à l’intersection des routes de Laval et de Saint-Julien nous paraît condamnable, car il constitue un danger sérieux et permanent »
M. de Tugny évoque :
« l’affluence des voitures, omnibus, camions, voyageurs de chaque côté des barrières au moment de l’arrivée ou du départ des trains », « les jours de marché en particulier, des animaux viendraient l’augmenter. Il suffirait d’un moment d’effroi d’un de ces animaux au roulement des wagons, au sifflement d’une machine, pour jeter dans son entourage un désordre indescriptible. La route de Saint-Julien est une des voies de communication qui apportera le plus de trafic à la gare de Châteaubriant à cause des charrois de chaux »
M. de Tugny propose de remplacer par un pont d’une hauteur de 6 m ce qui aurait peut être pour conséquence la création d’un tunnel de 4 à 500 mètres dans le coteau du Bois de la Garenne.
« Nous ne cherchons pas à dissimuler les difficultés que présente ce projet mais nous sommes forts de notre mandat, soucieux de notre responsabilité dans le présent et dans l’avenir, jaloux de procurer à la population de la ville la sécurité la plus grande possible dans ses rapports avec le chemin de fer » dit-il encore.
« C’est un devoir que nous avons à remplir et à accomplir duquel personne ne veut se dérober ». l’établissement d’un passage en déblai devait être la cause de l’éloignement de la gare ».
Le conseil municipal émet un vœu unanime :
1 – pour obtenir un pont sur la route au niveau des Terrasses au lieu du passage à niveau projeté,
[Ndlr : ce vœu ne sera pas réalisé !]
2 - que l’emplacement projeté de la gare de Châteaubriant ne soit pas pour cette cause reculé vers le sud et qu’au contraire il soit le plus possible rapproché de la ville,
Un extrait de cette délibération est transmis à la compagnie de l’Ouest et à la compagnie d’Orléans et communiqué au Conseil Général des Ponts-et-Chaussées et à la commission centrale des chemins de fer
6 mars 1874 au Sous-Préfet : « la population de Châteaubriant s’émeut des inconvénients d’une barrière à niveau qu’il est question d’établir à l’entrée de la ville sur deux grandes routes près d’une place de marché pour le service des chemins de fer et près de la gare ». Le maire transmet la délibération du Conseil Municipal souhaitant « que le passage à niveau soit remplacé par un passage couvert que la disposition des lieux permet d’établir »
12 mars 1874 : lettre du maire au Sous- Préfet : « le jeune Jean Marie D. ne me semble pas en position d’obtenir l’autorisation de tenir un débit de boissons. Dans sa jeunesse il a été condamné pour outrage public à la pudeur, et maintenant qu’il est âgé de 26 ans et de bonne conduite il n’offre pas cependant les garanties nécessaires. Plus tard, quand il sera marié, si sa femme et lui inspirent toute confiance, il y aurait lieu d’examiner leur demande »
12 mars 1874 au chef de section SNCF de la compagnie d’Orléans à Châteaubriant : « le conseil municipal demande que des modifications soient faites au nivellement du chemin de fer afin d’obtenir la suppression du passage à niveau qui serait incommode et dangereux aux abords de la ville à la jonction des deux grandes routes très fréquentées et touchant une place de marché »
25 mars 1874 : Rôle de l’instruction primaire pour le premier trimestre 1874 :
Elèves de la commune 326 frs
Elèves étrangers 218
élèves gratuits 81
29 mars 1874 : Conseil Municipal
Ce jour-là, le Conseil insiste : « il est excessivement utile et désirable que le passage à niveau projeté par la Compagnie de l’Ouest sur la Place des Terrasses soit remplacé par un passage en déblais »,
Mais en même temps, le Conseil s’inquiète : « il importe avant tout que la gare soit située le plus près possible de la ville. Et il vaudrait mieux subir le passage à niveau, avec tous ses inconvénients, si l’établissement d’un passage en déblai
devait être la cause de l’éloignement de la gare"
30 mars 1874 : M. Buron Joseph, charcutier, cabaretier, grande Rue, est un homme sans reproches, appartenant à une honorable famille de notre ville. Il a vendu sa maison à Mme Ballais qui n’en fera pas un cabaret. Il demande à transférer son débit près le pont de la Torche dans les maisons Hardy où il va demeurer. Cette translation peut être autorisée s’il plaît à Monsieur le Sous-Préfet. Il y a avantage à débarrasser la Grande Rue.
Il y a un moindre inconvénient à ajouter un cabaret de plus aux débits de la Torche qui cette année auront en plus, il est vrai, le débit de Ganache transféré de la place des Halles, mais en moins le débit supprimé de Métayer.
Sources :
Archives de la mairie de Châteaubriant, 1 D 20 (Conseil Municipal) et 2 D 12 (courriers)
Internet et notamment Wikipédia
Histoire de France et des Français par
Alain Decaux et André Castelot.
Les femmes
Dans les compte-rendus du Conseil Municipal et des courriers du maire, il est surtout question des hommes car, à cette époque, les femmes n’ont pas le droit de vote et, bien sûr, ne peuvent être élues au Conseil. On entend parler des femmes dans le cas d’aliénées à interner, ou de jeunes femmes indigentes et mères d‘un enfant « naturel ». « Naturel » faisant penser à une génération spontanée, sans géniteur ! L’histoire de ces femmes est celle de la misère féminine et de l’opprobre social qui s’abat sur la maternité solitaire.
Séduites puis délaissées, ces femmes incarnent le scandale de la sexualité et de l’enfantement hors-mariage, sans recours contre leur séducteur puisque le Code civil de 1804 interdit pour plus d’un siècle la recherche en paternité devant les tribunaux (1). À d’autres époques, en d’autres lieux, le constat est le même : la pauvreté, l’isolement, la faible instruction font les filles séduites, les mères illégitimes et les femmes contraintes à l’abandon.
Certes il existe quelques rares et maigres « secours de filles-mères ». Mais ces subsides ont pour contrepartie une étroite surveillance, et semblent leur être versés avec des arrière-pensées de redressement moral. Car les archives de l’Assistance publique révèlent la persistance du soupçon à l’égard des filles-mères, suspectées de sacrifier leurs devoirs maternels à une vie de plaisirs et de débauche ou de se livrer à la prostitution. Vis-à-vis de ces mères qui sont à la fois sans mari et bien souvent en rupture avec leur propre père, l’administration entend, semble-t-il, remplacer la figure masculine absente. L’assistance aux filles-mères n’est-elle pas une mise sous perfusion financière et une mise sous tutelle qui contribuent à les maintenir dans une identité d’infirmes sociales et de femmes fautives ? (2)
De quelles ressources disposent les femmes ? Celles qui ont un mari sont chargées, sans salaire, du travail de la maison, de l’éducation des enfants et, en campagne, d’une partie des travaux des champs. Ou bien travaillent dans le même atelier industriel que leur mari, à des salaires très inférieurs.
Rester célibataire est une tare et entraîne la nécessité de trouver un travail. Domestique, la plupart du temps, ou lingère, couturière, repasseuse, blanchisseuse. Travail répétitif, d’une durée excessive, sous-payé et de surcroît à risque.
L’entrée au couvent pouvait être une solution. Ou travail dans des institutions de bienfaisance !
Pour les ouvriers, la femme doit d’autant plus rester au foyer que, lorsqu’elle entre à l’atelier, c’est comme concurrente de l’homme. Si la misère engendrée par la question sociale rend aux moments de crise le travail obligatoire pour tous, dès que ce n’est plus indispensable, la femme est renvoyée chez elle. Cette opinion a duré au moins jusqu’en 1970.
Il y a un moindre inconvénient à ajouter un cabaret de plus aux débits de la Torche qui cette année auront en plus, il est vrai, le débit de Ganache transféré de la place des Halles, mais en moins le débit supprimé de Métayer.
A Châteaubriant les lavandières descendaient jusqu’au bord de la Chère, portant, sur des brouettes, le bois pour faire chauffer la chaudière, et le linge.
Il fallait du courage pour accomplir, par tous les temps, ce labeur consistant à battre le linge, à le tremper, le tordre, le savonner, l’essorer, le plier. Très tôt, ces femmes souffraient de rhumatismes, occasionnés par l’eau glaciale, ou de pleurésie, provoquée par les courants d’air. Le linge souillé augmentait les risques de tuberculose, responsable de plus de la moitié des décès chez les blanchisseuses et re- passeuses contaminées par le linge, rarement désinfecté à son arrivée. Les lésions de la peau, dues à l’emploi de lessives corrosives, les lombalgies, les varices, les accouchements prématurés étaient le lot commun de ces femmes qui portaient des charges trop lourdes et travaillaient sans cesse debout. Il fallait souffrir, Mesdames, pour que d’autres soient belles !
(1) À partir des années 1880, quelques voix isolées commencent à dénoncer l’immoralité d’un code qui défend « l’irresponsabilité » masculine, mais il faut attendre 1912 pour que la loi autorise la recherche judiciaire de la paternité naturelle.
(2) Source : Antoine Rivière, « Mères sans mari. Filles-mères et abandons d’enfants (Paris, 1870-1920) »voir le site journals.openedition
Sources :
Archives de la mairie de Châteaubriant, 1
D 20 (Conseil Municipal) et 2 D 12 (cour-
riers)
Internet et notamment Wikipédia
Histoire de France et des Français par
Alain Decaux et André Castelot.
Le marché des Blanchisseuses – Paris –
1874- journal L’Illustration