La presse collabo à Châteaubriant - janvier-février 1944
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Le Courrier du 21 janvier 1944
Nous n’avons pas les parutions du Courrier entre 1941 et la fin de l’année 1943. Nous ne savons donc pas s’il aurait mentionné le démantèlement du réseau de résistance Buckmaster-Oscar, en novembre-décembre 1943 et les arrestations de MM. Letertre, Deroche, Morvan, Maignan, Esnault, Gicquel, Lévêque.
On constate que le format est légèrement réduit, les caractères sont quasiment microscopiques. L’hebdomadaire ne fait plus la distinction entre les communiqués allemands et ses propres commentaires. Il explique, à longueur de colonnes, que les armées allemandes sont victorieuses. En face « les armées de Staline, en dépit de leurs avances, n’ont réussi ni une manœuvre d’encerclement, ni une manœuvre de percée ». En Italie, le général américain Clark « n’a inscrit à son bilan que la prise de quelques collines et de deux villages ». La Luftwaffe utilise une arme puissante : « Les premiers effets de cette ingénieuse technique ont coûté aux Américains 136 bombardiers et plus de 1000 hommes d’équipage au dessus de l’Allemagne ». Ces armes « réservent à l’Europe … la surprise de son salut »
En France, il est interdit de fabriquer des postes émetteurs et récepteurs de radio sans autorisation de la Militaerbefehhaber. La vente des appareils est soumise à la même autorité.
Prestations aux réfugiés
Une loi vient de fixer le montant des prestations allouées aux réfugiés et sinistrés :
- Secours d’urgence : 1500 fr par personne si le logement est totalement détruit, 1000 fr si le sinistre est partiel. Dans ce dernier cas les frais de déménagement des meubles subsistants sont remboursés à raison de 750 fr par personne. Quand l’évacuation des lieux est commandée, chaque personne a droit à une prime de déménagement de 750 fr et à un bon de transport gratuit par chemin de fer.
- Indemnités journalières de 19 fr aux isolés et chargés de famille – 15 fr en sus pour chaque personne à charge. Au bout de trois mois, ces indemnités sont ramenées à 15 et 12 fr.
- Secours : quand les ressources mensuelles sont inférieures à 1200 fr pour une personne ou à 1800 fr pour deux, des secours spéciaux sont accordés selon les cas dans lesquels l’évacuation s’est produite. En sus des allocations journalières, indemnité de 300 fr par personne ou de 450 fr par ménage si les sinistrés ont plus de 65 ans et sont privés de moyens d’existence.
- Logement, chauffage, éclairage : indemnité journalière de 3,50 fr pour deux personnes ; 5,50 fr pour trois personnes ; 7 fr par personne repliée en plus aux réfugiés nécessiteux évacués par ordre et sans moyens d’existence.
Parmi les 82 municipalités ayant répondu à l’appel du Secours National en votant des subventions en faveur des sinistrés, on trouve Nozay pour 10 000 fr et Puceul pour 3000 fr.
Parrainage des vieillards : le Secours National prévient les jeunes filles chargées du parrainage des vieillards, de venir chercher les denrées, munies d’un sac à provisions et d’un récipient pour un kilo de farine.
Le kilo de saucisses coûte 52 francs, les boudins sont à 22 fr. Les choux bricolis [Ndlr : c’est bien écrit : bricolis] à 1.50 ; les pissenlits demi-blancs sont à 10 fr, les poireaux à 8.70 ; les navets en bottes sont à 1.20 mais équeutés ils sont à 2.60 fr.
Problème du lait
Il y a un problème du lait : même les ayants-droit se plaignent de la pénurie. Certains dépôts n’ont pas assez de lait, d’autres en ont trop. L’arrivée des réfugiés ? C’est vrai que cela a considérablement augmenté le nombre de consommateurs sans pour autant créer de difficultés dans la répartition. En effet, chaque matin, une voiture assure le ramassage du lait pour les réfugiés : c’est celle de M. Ménard garagiste à Châteaubriant, au tarif le plus réduit.
Alors, d’où vient le problème ? « La saison ne favorise pas la lactation, car le fourrage manque et c’est compréhensible. Certaines vaches, plus sensibles que d’autres à l’effet de la nourriture, accusent une baisse sensible de leur production. D’autre part l’hiver est la pleine période de gestation dans les étables (…). Alors, pour régler le problème du lait, il suffira qu’à l’avenir les producteurs de lait (M. Ambroise Boucherie est le Président du Syndicat laitier de Châteaubriant) « s’entendent pour alimenter les distributeurs en fonction des rendements de leurs vaches et des besoins de la clientèle »
S’adressant aux journalistes français, le Dr Dietrich, chef de la Presse du Reich déclare : « Les hommes ne sont pas égaux. Le concept profondément erroné et contraire aux lois de la nature, de l’égalité de tous, a égaré les travailleurs. Il aboutit finalement à la doctrine du bolchevisme, destructrice de tout ordre, de toute civilisation et de tout progrès ».
Terrorisme
Dans ses nouvelles « en bref », le Courrier dispose d’une rubrique « Terrorisme » et il publie le communiqué suivant :
« Castelbriantais ! Le choc puissant de l’Armée Rouge à l’Est, les attaques terroristes sur notre territoire, correspondent à ce qui vous est donné dans nos brochures sur le péril rouge, le péril juif et le capitalisme anglo-saxon ». « Le bolchevisme est à nos portes : une seule chose importe donc : s’unir pour ne pas périr sous sa domination bestiale »
Des brochures sont consultables, 10 rue du 11 novembre à Châteaubriant, « avec une puissante documentation orale »
[Ndlr : Bolchevisme est un terme péjoratif désignant la politique communiste en Russie]
Le Courrier du 28 janvier 1944
Le Courrier ne fait plus que 28 x 44 cm. Ca va mal pour l’armée soviétique si l’on en croit ce qui est écrit. On apprend cependant que les Anglo-Américains ont débarqué en Italie mais c’est parce que « l’ennemi [anglo-américain] cherche un dérivatif à ses attaques sur le front terrestre dont les résultats, jusqu’ici, n’ont pas justifié les pertes » - et que l’aviation anglo-américaine a bombardé Klagenfurt, Magdebourg et Berlin « en perdant 139 bombardiers quadrimoteurs ». Bref tout va bien pour l’Allemagne.
Mais la France a été « l’objet de nombreuses attaques terroristes ». Le Courrier annonce que du 1er octobre 1941 au 10 janvier 1944, 15 000 Français « ont payé de leur vie ces agressions. Plus de 20 000 Français ont été blessés et, conséquence des destructions opérées par l’aviation, un million de Français sont sans abri ». Mais les ouvrages militaires du « mur de l’Atlantique » n’ont subi aucun dommage …
« Signe des temps : tous les journaux aujourd’hui ont ouvert dans leurs colonnes une Chronique du Banditisme » écrit « Patrice » dans son éditorial. « Ceux qui actuellement pillent et tuent, ne sont pas, comme ils le prétendent, des patriotes travaillant à la libération du pays. Ce sont des fossoyeurs, car la division et la haine entre nous, c’est la porte ouverte à la bolchevisation de la France. (…) Les Français d’à présent perdent la tête et si nous ne voulons pas être tous emportés par lui, il faut coûte que coûte, arrêter le vent de folie qui secoue le pays ». Pour Mgr Choquet, évêque de Tarbes, « le patriotisme n’exige pas des actes de félonie comme le sabotage d’une ligne de chemin de fer »
Ndlr : Pas un mot, en revanche, sur les arrestations massives qui ont eu lieu le 21 janvier 1944 à Châteaubriant : Miglioretti, Baussier, Laguilliez, Malin, Morantin, Briand, Glain, Leray, Blais, Dumazeau. Pas un mot sur Robert Monin et l’abbé Hervouet arrêtés à St Julien de Vouvantes, Pontbriand (arrêté à Erbray). Rien sur les arrestations du 22 janvier (Goth, Lemarre, Plassais), du 23 janvier (le Juge Fichoux), du 24 janvier (les gars de Ruffigné), du 26 janvier (les Sinenberg). Le Courrier ignorera sans doute de même les arrestations ultérieures.
Et vive le travail français en Allemagne ! Le Courrier explique en effet que les ouvriers ne pouvaient trouver du travail en France, dans ce pays « handicapé par le blocus, la perte de ses colonies, l’arrêt ou la transformation de la plupart de ses industries ». « Le chômage avec tout son cortège de faim et de misère guettait en France le monde du travail » (…) Mais la France avait besoin de travail pour vivre et l’Allemagne avait besoin de travailleurs ».
Cinéma et Théâtre
A Châteaubriant, vient d’ouvrir « Familial Cinéma » en la salle des fêtes de la mairie (c’est donc la deuxième salle de cinéma de la ville), aménagée en gradins, avec deux allées latérales. Au cours de la deuxième matinée du 23 janvier, une panne d’électricité a montré que, même dans ce cas, toutes dispositions avaient été prises pour assurer la sécurité du public : « l’éclairage de secours qui fonctionnait pour la première fois, s’est avéré très suffisant, l’accès à la sortie aussi ». Le premier film projeté fut « Allô Janine », le second fut « Monsieur Hector » (avec Fernandel).
Parallèlement, le Courrier annonce un concert des musiciens du Théâtre Graslin pour le 30 janvier et les Voltigeurs castelbriantais reprennent leurs représentations annuelles. La prochaine : le 6 février 1944.
Le prix du billet SNCF a été relevé de 25 % depuis le 10 janvier 1944. Le prix du kilomètre est de 0,64 fr en 3e classe, de 0,84 en 2e classe et de 1,19 en 1ere classe. Par exemple, pour aller de Châteaubriant à Paris il en coûte 232 ou 283 fr selon qu’on passe par Sablé ou Rennes (en 3e classe) et 303 à 370 fr si l’on passe par Rennes en 2e classe.
En campagne se poursuit jusqu’au 14 février la récupération des ficelles-lieuses usagées.
Nous sommes à cinq mois et demi du débarquement en Normandie, nul ne le sait encore bien sûr. D’après Le Courrier, Churchill aurait déclaré le 18 janvier « Dans le milieu de mars, on sera témoin d’une des plus grandes entreprises militaires que l’histoire ait jamais connue » tandis que le Dr Goebbels, le 20 janvier, indiquait que « l’échec d’une tentative d’invasion transformerait complètement à notre avantage la physionomie de la guerre ».
Le Courrier du 18 février 1944
La guerre fait rage mais Le Courrier titre « De Krivoïrog au lac Péipous, les troupes allemandes repoussent les attaques soviétiques », les Américains sont en difficulté sur le front d’Italie, en extrême-orient, « dans le secteur de Buthidang, deux divisions britanniques seraient encerclées à la suite d’une audacieuse manœuvre des troupes nippones ». Bien sûr l’aviation anglo-américaine poursuit « ses raids de terreur contre l’Allemagne » mais 51 avions ont été abattus par la DCA et la Luftwaffe et celle-ci « bombarde avec succès la ville de Londres et deux autres localités de l’Angleterre ». Partout, selon le Courrier, les Anglo-Américains sont en échec !
Au Portugal, le journal de Lisbonne définit le bloc Ibérique (Espagne + Portugal) comme « une tête de pont contre le communisme » et le Courrier commente : « après une telle profession de foi, est-ce que l’Angleterre et les Etats-Unis seront assez simples pour faire plaisir au Petit Père Staline, de venir casser sur ce bloc les plus belles dents de leurs râteliers ? »
Y aurait-il une inquiétude face à un éventuel débarquement ? Le Courrier met en garde contre l’Angleterre « Ces gens-là ne sont pas nos amis », remontant à 1763 (Traité de Paris), puis Sainte-Hélène (Napoléon expatrié, la France ruinée et vaincue au profit de son ennemie acharnée). Oui mais, 1939 ? « Ce n’est pas l’Angleterre qui vint se ranger à nos côtés ; c’est la France qui se fit son alliée. L’Angleterre n’a pas, dans cette guerre, pas plus qu’en nulle autre, travaillé pour nous. Elle y fut, pour notre malheur, notre entraîneuse, voilà ce qu’il ne faudrait pas oublier ».(...). Aujourd’hui, en détruisant nos ports, en mitraillant nos populations innocentes, en anéantissant nos villes, l’Angleterre ne continue à faire que ce qu’elle a toujours fait : servir ses intérêts en ruinant les nôtres » écrit Patrice, éditorialiste du Courrier.
En France le gouvernement a décidé la suppression des Chambres d’Agriculture.
M. Wiser a trouvé le moyen de prolonger la durée de consommation du lait de 24 à 36 heures. « Pour les mois de novembre et décembre 1943 et janvier 1944, la collecte de lait en Loire-Inférieure est inférieure de deux millions de litres à celle de la même période intérieure. Ce déficit représente 80 tonnes de beurre qui ont manqué au Ravitaillement général »
A Châteaubriant, M. Ernest Bréant, ancien maire, a été enterré le 14 février 1944. En raison de la volonté formelle de Mme Bréant, le maire Maurice Noêl n’a pas pu présenter son éloge funèbre ...
Toujours dans le Courrier du 18 février 1944 : « Les membres de la Commission Administrative de la Fédération des Métaux élèvent leur protestation indignée contre les actes terroristes sans exception. Ils estiment qu’il n’existe aucune idéologie, aucun sentiment qui justifie le recours au crime ».
Le Courrier du 25 février 1944
Le Courrier titre « Sacrifices sans bénéfice » et liste les casemates et les dépôts de matériel détruits par l’armée allemande, les bombardiers abattus, les destroyers coulés. Les Anglo-Américains sont repoussés et, en Birmanie, la VIe division anglo-hindoue est en voie d’anéantissement. Bref, dans cette guerre, il n’y a que des succès allemands même si l’aviation anglo-américaine poursuit ses « attaques de terreur sur Berlin, Peilzig, Rome et Castelgandolfo (la résidence du Pape) ». Au cours de ses attaques contre Londres, la Luftwaffe emploie des bombes incendiaires dites « Bombes à huile », « d’une efficacité supérieure à celle des baguettes des avions anglo-américains ».
Plus de 100 moines et de 600 civils réfugiés ont été tués ou blessés au cours de la destruction de l’abbaye du Monte Cassino, « acte de vandalisme perpétré par les Anglo-Américains ». Le chargé d’affaires des Etats-Unis a cru devoir déclarer au secrétaire d’Etat Maglione, que la célèbre abbaye serait reconstruite et que les Etats-Unis financeraient l’affaire. Le cardinal Maglione répondit froidement « Même si vous la reconstruisiez en or et en diamant, ce ne serait plus l’abbaye ». Et le Courrier conclut : « Voici des paroles que les catholiques anglophiles et américanophiles feront bien de méditer ».
Le Courrier publie aussi un communiqué de la LVF (Ligue des Volontaires Français) qui « est heureuse de faire part à tous ses amis que le chancelier Hitler a répondu aux souhaits de Nouvel An qu’avait formulés le colonel Puaud, commandant la Légion sur le Front de l’Est ».
Détails de la vie quotidienne : les biscottes sont à 18 fr le kilo depuis le 15 février. Le vin rouge et rosé coûte : 8°, 8,80 fr ; 9°, 9,40 ; 10°, 9,90. Le vin blanc est plus cher : 8°, 9,40 fr ; 9°, 9,80 ; 10°, 10,50.
Les tickets-lettres Q et U des cartes de textile sont libérés et permettent l’achat chacun de 6 g. de fil ou de 2 g. de soie.
Les jeunes Castelbriantais sont invités à une réunion dans les locaux de « Collaboration » 12 rue des Carmes à Nantes : « l’heure des hésitations est passée, venez grossir les rangs des Jeunes de l’Europe Nouvelle pour la lutte contre le Bolchevisme et les vandales anglo-américains ».
Faits divers : « M. Giffard et M. Rivaud ont porté plainte pour vol d’un poulet et de deux lapins. Les lapins de M. Rivaud ont été retrouvés en liberté dans un jardin voisin ; le poulet de M. Giffard a été retrouvé également dans un jardin voisin, mais huit jours après et étranglé ».
Le S.T.O.
Le travail en Allemagne serait-il mal perçu ? Le Courrier écrit qu’il ne doit pas être considéré « comme une brimade voulue par le vainqueur mais comme une oeuvre du plus haut intérêt pour le pays et pour l’ouvrier lui-même : en participant par son travail à la défense de l’Europe contre la coalition des ploutocraties et du bolchevisme, la France se réserve une place digne de son passé dans la future communauté européenne. A la Table de la Paix, elle n’arrivera plus en vaincue, les mains vides, mais en collaboratrice ayant mérité sa part des fruits de la victoire (…) L’ouvrier français aura connu dans les camps cette solidarité unissant les divers éléments de la société : prisonniers, transformés, étudiants et jeunes S.T.O. ».
[Ndlr : les transformés ce sont les anciens prisonniers de guerre qui acceptent d’être considérés comme travailleurs libres. Pour ceux-là la Croix Rouge Française ne maintient pas l’attribution de tabac].
(Le S.T.O est le Service du Travail Obligatoire en Allemagne).
Un débarquement ?
L’éventualité d’un débarquement inquiète le Courrier qui reproduit le discours de Pierre Laval, chef du gouvernement, aux maires du Sud-Ouest : « Nous sommes sans doute à la veille d’une tentative de débarquement qui ne constitue pas pour les Alliés, j’en suis sûr, une nécessité militaire, mais qui leur apparaît peut-être comme une obligation politique. Staline ne veut pas être seul à supporter le poids de la guerre contre l’Allemagne. Eh bien, supposez qu’il y ait une tentative de débarquement. Des milliers d’avions sillonneront le ciel de France, pour détruire nos villes, nos foyers, nos voies ferrées, faire sauter nos ponts, semer la misère, la ruine et la mort ».
L’éditorialiste du Courrier, qui signe « Patrice », écrit : « l’Occupant est sur ses gardes car, en fin de compte, les ’’Libérateurs’’ pourraient bien essayer de débarquer. Mais s’ils viennent ? Que de ruines ! Que de deuils en perspective ! Nous en avons assez convenu : on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Et s’ils ne viennent pas ? Si vraiment les belles promesses n’étaient que grossières moqueries ? Et si le bolchevisme arrivait à dominer chez nous ? »
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P.-S.
NB : Les extraits du « Courrier » publiés ci-dessus complètent le livre « Telles furent nos jeunes années » (300 pages) racontant la vie à Châteaubriant, la Résistance, la Déportation et la Libération. Disponible encore dans les librairies de Châteaubriant ou téléchargeable ici : http://www.journal-la-mee.fr/IMG/pdf/LivreMee.pdf