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Sophie Trébuchet, mère de Victor Hugo

Le roman de Sophie Trébuchet (GENEVIÈVE DORMANN )

Sophie Trébuchet

Victor HUGO est-il bien le fils d’un général de Napoléon, Léopold Sigisbert HUGO ? ou le fruit de la liaison de sa mère Sophie TREBUCHET avec Victor Fanneau de La Horie , qui deviendra le parrain du jeune Victor "Hugo" ?

Geneviève Dormann, dans son passionnant livre "le roman de Sophie Trébuchet" répond : "Victor Hugo, nourrisson maigrichon, ne ressemblait pas à ses deux frères ainés, gros bébés joufflus, répliques du général Hugo. Victor s’appela Victor, à cause de son "parrain" choisi par Sophie, et il fut son enfant préféré. Cela me suffit. Je ne réclame pas que l’on change en La Horie le nom de Hugo qui figure sur tous les boulevards de France".

Geneviève DORMANN, qui s’est fait aider dans ses recherches par Le curé du Petit-Auverné et Mme Noëlle MENARD, bibliothécaire à Châteaubriant, a fait revivre cette Sophie Trébuchet longtemps restée dans l’ombre parce qu’elle "n’a pas eu une vie compatible avec ce qu’exigeait la morale traditionnelle du XIXe siècle" et la moitié du nôtre. Sophie, en effet, a eu un amant qu’elle a aimé passionnément. C’est pourquoi, pendant longtemps, pour ne pas ternir L’image d’Epinal du héros national qu’était devenu Victor Hugo, on a escamoté la vie de cette femme jugée trop peu convenable pour la mère d’un tel monument".

UNE JEUNESSE CASTELBRIANTAISE ...

Sophie TREBUCHET est née en 1772 rue des Carmélites à Nantes . Sa mère , Renée Louise Le Normand du Buisson est la fille du Procureur au Tribunal de Nantes . Son père, Jean-François Trébuchet, fils d’une bonne famille, mais pauvre, est capitaine de navires qui ne lui appartiennent pas . Ce n’est pas une riche famille .

À 8 ans, Sophie perd sa mère . À 11 ans, son père meurt aussi, disparu dans l’Océan Indien. Sophie est alors confiée à sa tante, Françoise TREBUCHET, veuve du notaire ROBIN de St Julien de Vouvantes, qui lui a laissé une petite maison, rue de Couëré, tout près de la "Maison de l’Ange". Là, Sophie passe des jours heureux, auprès de sa tante Robin et de sa servante, Julie Péan, qui sait si bien guérir des maladies avec des plantes sauvages et raconter d’effrayantes histoires, celle de la Bête de Béré, celle du Serpent de la Forêt Pavée, celle de Françoise de Foix que son mari, Jean de Laval assassina une nuit, au château de Châteaubriant, quand elle a cessé d’être la maitresse favorite de François Premier .

"Mais plus encore qu’à Châteaubriant, c’est à La Renaudière que Sophie est heureuse. À trois lieues de la Rue de Couëré, au Petit Auverné, dans Le Pays de La Mée, La Renaudière est une jolie maison de schiste à toit d’andoise qui appartient aux Trébuchet" , ces Trébuchet qui, comme tous les hommes de la famille, à l’exception de Jean François, étaient d’une famille de maitre-fondeurs. On trouve un Jean Trébuchet aux forges de La Hunaudière vers 1670 , un autre Trébuchet aux forges de Paimpont, d’autres à Moisdon (La Forge Neuve), et la Poitevinière où il reste une maison dite “Maison Trébuchet".

"Sophie que son exubérance fait étouffer en ville a une passion pour La campagne. Chäteaubriant, pour elle, c’est la Liberté" raconte Geneviève Dormann. "Vêtue comme Les petites paysannes, en jupon de futaine et en sabots, elle vagabonde dans Les fonêts avoisinantes, avec des enfants de son âge" . La famille Trébuchet est très connue dans ia région et Sophie est partout chez elle, en sécurité .

NÉ D’UN SANG BRETON …

Depuis la terrible sécheresse de 1785, rien ne va plus, le ciel semble se déchainer, un hiver épouvantable succède à des torrents de grêle et à un été pourri. À Châteaubriant on a même abattu des loups . Dans les bois se réfugient des bandes de mendiants affamés qui attaquent les voyageurs . À Paris le ministre Necker s’affole, le roi Louis XVI est débordé, les paysans sont déçus des Etats Généraux qui viennent de se tenir à Versailles, en mai 1789. À Nantes, la ville s’agite, les discussions vont bon train, Sophie suit cela de près, par l’intermédiaire de son cousin, Jean François Normand . Elle a 7 ans .

Quatre jours après la prise de la Bastille, en juillet 1789, Nantes en liesse danse, allume des feux de joie, et plante des arbres de la liberté. Sophie est dans la rue . Mais arrivent des jours plus sombres, la mort du roi passé au "rasoir national", la guerre déclarée à la France par les pays voisins, la révolte des Chouans et des Vendéens, la terreur à Nantes avec Carrier de sinistre mémoire.

Toutes les nuits, Sophie Trébuchet est réveillée par les hurlements et les pleurs des condamnés qu’on entraine à La Loire. La nuit de Nantes est peuplée de sanglots, d’adieux déchirants". Sophie devient de plus en plus nerveuse. Et un soir elle assiste, malgré elle, à l’exécution, à la guillotine, place du Bouffay à Nantes, d’une femme et de ses deux filles avec qui elle a joué dans son enfance . Le souvenir de cette boucherie lui reviendra en cauchemars toute sa vie. Le soir même elle quitte Nantes pour Châteaubriant.

—. DES AMIS DANS LES DEUX CAMPS

"La petite ville tranquille, paisible, de son enfance est à son tour méconnaissable. Des maisons ont brûlé, les boutiques sont fermées, les auberges dévastées et les joyeux marchés du mercredi ne sont plus qu’un souvenir" : Châteaubriant est devenue "Montagne-sur-Chère", ville de garnison pour les troupes républicaines engagées dans la guerre de Vendée . Les rebelles sont partout “embusqués dans Les forêts de Vioreau, Juigné, Teillay. On les signale à la Forêt Pavée, La Guerche, St Mars, Rougé ou Candé". Les “rustauds" tiennent fortement toute la région, depuis Martigné jusqu’à Pouancé. Parmi eux, Sophie a des cousins ou des amis : François Bellet, son cousin de la Forge Neuve, les De Fermon à Moisdon, les Leussier du Château de La Pinais en Grand Auverné, les Fresnais de Beaumont à St Julien de Vouvantes et "Cœur de Lion", "Cœur de Roi", "Brise Galette" et les autres* "Sophie Trébuchet, La Républicaine, la lectrice de Rousseau et Voltaire, la petite fille du juge Le Normand, ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour ces rebelles mal armés, en guenilles, dont les exploits défraient la chronique locale, même si elle ne partage pas leur ferveur religieuse"

UN JOUR, ‘’BRUTUS" HUGO

Un jour, en revenant de La Renaudière, elle rencontre un gars affolé : "Les Bleus aurivent. IL y a messe au Cotillon Rouge. Les nôtres y sont. Je cours les prévenir. Mais vous, demoiselle, aidez-nous, retenez les Patauds quelques temps”. C’est ainsi que Sophie, qui a un laissez-passer du grand-père Le Normand, et un certificat de civisme, retient les Patauds (c’est-à-dire Les Bleus, les Républicains), pour que les Rustauds puissent disparaitre.

Parmi les "Patauds", elle retrouve "Brutus"Hugo, le capitaine Léopold Sigisbert Hugo, dont elle avait déjà fait la connaissance chez sa cousine Ernoult . Elle apprécie sa chaleureuse exubérance et sa joie de vivre. Plus tard elle le trouvera ronflant, vulgaire, prétentieux, couard devant la vie. Mais ce ne sera que plus tard, bien après son mariage, quand elle aura fait la connaissance de Victor Fanneau de La Horie, l’amour fou de sa vie ...


Si vous y tenez, Geneviève DORMANN vous en racontera davantage dans son "Roman de Sophie Trébuchet" . Pour Sophie, avec son mariage avec Léopold Hugo, se termine sa jeunesse nantaise et castelbriantaise. Souvent elle désira revenir à Châteaubriant et à la Renaudière en Petit Auverné. La vie ne le lui permit pas .